André Masson au Centre Pompidou Metz pour le centenaire du surréalisme

29/05/2024 Par Artprice
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André Masson est l’un des plus grands peintres du XXème siècle, rappelle Chiara Parisi, commissaire de l’exposition actuelle au Centre Pompidou-Metz, dont elle est la directrice. 

 

À l’occasion du centenaire du Manifeste du surréalisme, Chiara Parisi ravive le souvenir d’un artiste polyvalent, également sculpteur, scénographe, écrivain et poète. André MASSON un “esprit libre et révolté” doté d’une culture encyclopédique, croyait profondément que

“la seule justification d’une œuvre d’art est de contribuer à l’élargissement de l’être humain, à la transmutation de toutes les valeurs, à la dénonciation de l’hypocrisie sociale, morale et religieuse, et par conséquent à la dénonciation de la classe dominante, responsable de la guerre impérialiste et de la régression fasciste.”

 

Ses premiers dessins érotiques, réalisés quelques années après la Première Guerre mondiale, laissent place, au début des années 1920, à des expérimentations fondatrices dont l’influence fut immense, notamment aux États-Unis. Ses œuvres ont en effet marqué les débuts de l’expressionnisme abstrait américain.

 

En mai 1941, Masson débarque à New York et s’installe près de Alexander CALDER. Parmi les autres exilés, il fréquente Breton, Gorky et Chagall. Son œuvre, ainsi que ses conférences, influencent immédiatement la jeune génération d’artistes. Masson a notamment développé, au milieu des années 1920, une forme d’automatisme et d’expression libre dans sa peinture en jetant du sable sur des flaques de colle. Cette intervention expressive du geste est l’un des fondements de l’expressionnisme abstrait américain d’après-guerre. Il sera d’ailleurs exposé de son vivant, à deux reprises au MoMA à New York : d’abord dans le cadre de l’exposition “Fantastic Art, Dada, Surrealism” de 1936, puis pour une exposition anthologique entièrement dédiée en 1976.

 

André Masson : évolution du nombre de lots vendus aux enchères (copyright Artprice.com)

 

Ses toiles surréalistes remportent les plus belles adjudications

André Masson est un pionnier et un aventurier de l’art. Ses premiers dessins automatiques, réalisés dès décembre 1923, anticipent l’écriture automatique que Breton théorise dans son Manifeste surréaliste en 1924. Masson participe activement au mouvement surréaliste durant les années 1920 et en conserve l’esprit jusqu’en 1945, malgré plusieurs ruptures avec André BRETON. Les toiles de cette période sont les seules de sa production à avoir dépassé le million de dollars aux enchères, que ce soit à Paris, Londres ou New York.

 

L’une des œuvres les plus emblématiques de cette période est Gradiva, préemptée à 3 millions de dollars par le Centre Pompidou de Paris, financée avec l’aide du Fonds du Patrimoine et de la Société des Amis du Musée national d’art moderne. Gradiva est une figure tirée du roman de Wilhelm Jensen, publié en 1903. Ce récit, à la frontière entre rêve et réalité, a connu une large postérité chez les surréalistes grâce à l’analyse de Sigmund Freud. Il raconte l’histoire de Norbert Hanold, un archéologue allemand fasciné par un bas-relief antique représentant une jeune femme marchant d’un pas gracieux. Obsédé par cette image, il se rend à Pompéi pour la chercher. Là, il rencontre Zoé, une ancienne amie d’enfance, qui incarne Gradiva et l’aide à distinguer ses rêves de la réalité.

 

Top 3 adjudications d’André Masson

Gradiva (1939)

Huile/toile, 97 x 130 cm

3 147 300 $ (Sotheby’s Paris, 08/12/2010)

 

Vue emblématique de Tolède (1933-1939)

Huile/toile, 163 x 123 cm

1 791 300 $ (Christie’s Londres, 06/02/2006)

 

Le jeu de Marseille, projet de carte, la religieuse portugaise (1939/41)

Huile/toile, 71 x 92 cm

1 426 500 $ (Sotheby’s New York, 05/05/2010)

 

Son dessin le plus cher mesure moins de 30 centimètres

En 1941, 22 projets de cartes ont été conçus par des artistes surréalistes tels que Victor Brauner, André Breton, Jacques Hérold et André Masson. Ces œuvres ont vu le jour à la Villa Air-Bel, à Marseille, où plusieurs artistes s’étaient réfugiés pour échapper aux Allemands en attendant leurs visas pour les États-Unis. André Masson a réalisé deux cartes : l’une à l’encre de Chine en noir et blanc, et l’autre colorée à la gouache. Cette dernière, ayant appartenu à André Breton lui-même, a atteint un prix record de 274 000 $ en avril 2003, contre une estimation initiale de 5 000 à 6 000 $, et ce malgré son petit format de 27 centimètres. La fameuse carte fait aujourd’hui partie de la collection du Musée Cantini de Marseille, grâce à un don d’Aube et Oona Elléouët.

 

Le Jeu de Marseille, projet de carte, la religieuse portugaise (1941)

Gouache, crayon, encre/papier, 27,2 x 17 cm

Vendu 274 000$. Estimation: 5 400$ – 6 400$

Calmels-Cohen Paris, 14/04/2003 (Provenance: Collection André Breton)

 

Actuellement, les divers indicateurs du marché d’André Masson sont au beau fixe : Indicateurs du marché de André MASSON en ventes aux enchères publiques en 2023 (copyright Artprice.com)

 

Des sculptures peu cotées

La production sculpturale de Masson est assez restreinte, comptant moins d’une trentaine d’œuvres. Il réalise ses premières sculptures dès 1927 et produit ses premières fontes lors de son exil aux États-Unis en 1942. En 1965, la galerie parisienne Louise Leiris organise 12 nouvelles fontes de ses œuvres. À la fin de sa vie, André Masson reconsidère ses sculptures et, avec son galeriste italien Due Ci, il procède à un nouveau tirage en dimensions plus grandes, éditant sept nouvelles pièces. Trois œuvres de cette dernière édition, réalisées par les ateliers O. Brustolin à Vérone en 1986-1987, sont passées en salles de ventes chez Koller (Suisse) en décembre dernier, trouvant preneurs entre 5 000 et 16 000 $, des montants particulièrement abordables pour un artiste de cette envergure. Son record absolu pour une sculpture ne dépasse pas 130 000 $ (La Musicienne, 1942, Sotheby’s Paris).

 

Les trois bronze vendus chez Koller le 1er décembre 2023 : 

5 200 $ pour Femme à la chaise ou Femme enlevant sa chemise (1943)

15 000 $ pour Animaux accouplés (1927)

16 080 $ pour Dans la forêt (1943) (au double de l’estimation haute)

 

Exposition ANDRÉ MASSON. IL N’Y A PAS DE MONDE ACHEVÉ

Jusqu’au 02.09.24. Centre Pompidou-Metz

Communiqué d'Artprice