Richard Serra, le titan de la sculpture contemporaine, nous a quittés le 26 mars 2024 à Long Island, près de New York, seulement deux mois après le décès de Carl André, autre figure emblématique du minimalisme américain des années 1960.
Reconnu comme l’un des sculpteurs les plus célèbres des États-Unis, Richard Serra a été honoré du Lion d’or à la Biennale de Venise en 2001 et du prestigieux prix des Asturies en 2010. Il était représenté par les galeries Gagosian et Zwirner, deux des plus importantes au monde, qui ont organisé des dizaines d’expositions de son œuvre au cours des dernières décennies.
L’artiste répondait à des commandes privées ou publiques lui permettant de repousser les limites de la sculpture en acier corten mais ses grandes sculptures de plusieurs tonnes se prêtent assez mal aux échanges : rarement proposées aux enchères, quelques petits formats ont tout de même trouvé preneurs, avec moins de dix transactions en 2023, comparativement à près d’une centaine d’estampes vendues la même année. Artprice revient ici sur quelques chiffres clés du marché de Richard SERRA aux enchères.
1 478
Le nombre total de lots listés sur Artprice pour Richard Serra entre 1984 et 2024. Ses estampes représentent presque les trois quarts des transactions (72%), tandis que les sculptures ne comptent que pour 5 % de ses lots sur cette période
599
Sa position dans le classement Artprice des artistes en 2023. Avec 2,4m$ totalisés par la vente de ses estampes (aucune sculpture n’a été adjugée l’an dernier), Richard Serra est loin derrière Alberto Giacometti (#25), Alexander Calder (#31) ou Louise Bourgeois (#38).
84 %
La part des États-Unis dans le produit des ventes de ses œuvres aux enchères depuis 2000. Le pays le plus demandeur est ensuite le Royaume-Uni, suivi par la France.
4,3 m$
La plus belle vente aux enchères enregistrée à ce jour pour Richard Serra. Sa sculpture en acier Corten L.A. Cone (1986) a été adjugée par Christie’s à New York le 15 mai 2013.
2,17m$
Sa plus haute adjudication pour une œuvre en deux dimensions : Carver (2009, 200 x 200 cm), vendue en 2017 chez Christie’s New York.
Distribution du produit des ventes aux enchères des oeuvres de Richard Serra 2020-mars 2024 (copyright Artprice.com)
Une création XXL
Né à San Francisco, Richard Serra a étudié à l’école d’arts de l’université Yale avant de s’installer à Paris pour un temps. Inspiré par l’atelier reconstitué de Constantin Brancusi, il s’est tourné vers la sculpture au début des années, exposant d’abord à Rome (1966) avant de collaborer avec le célèbre marchand d’art Leo Castelli à partir de 1968.
Au cœur de la scène artistique new-yorkaise des années 1960, Serra a d’abord expérimenté la sculpture avec des matériaux non conventionnels comme le latex, le néon et le plomb, qu’il utilise de manière expressionniste dans ses “Splash pieces”. Toutefois, c’est l’acier corten qui deviendra sa signature, un matériau qu’il connaissait bien pour avoir travaillé dans une aciérie dans sa jeunesse. Ses sculptures monumentales, composées d’immenses plaques d’acier courbées et inclinées, créent une interaction sensorielle avec leur environnement et invitent les visiteurs à questionner leur perception, comme en témoigne l’installation permanente du Musée Guggenheim de Bilbao, The Matter of Time (1994 et 2005) composée de huit sculptures courbes dont la plus lourde pèse 276 tonnes.
En parallèle de sa pratique sculpturale, Richard Serra a également exploré la gravure à partir des années 1980. Ses œuvres récentes ont été exposées en 2023 à la galerie Lelong & Co de Paris. Utilisant un mélange d’encre à l’huile, d’encre de gravure et de silice, ses créations rappellent l’expérience “outrenoir” menée par le peintre français Pierre Soulages. Avant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19, qui a perturbé son activité, Serra poursuivait ses expérimentations en repoussant les limites de la gravure.