Malgré sa quatrième position au classement mondial, la place de marché française représente une faible part des recettes de l’art contemporain aux enchères, un peu moins de 2,8 %… derrière les mastodontes américains et chinois qui se tiennent au coude à coude avec 33,7 % du marché, et le Royaume-Uni (21,1%).
La qualité première du marché de l’art contemporain en France est la densité de son offre (plus de 5 500 lots ont été mis à l’encan entre juillet 2012 et juin 2013, presque autant qu’aux Etats-Unis avec 6 000 lots), la seconde est qu’il est constitué d’oeuvres forcément plus abordables qu’ailleurs, les artistes français restant bien moins cotés que leurs homologues américains, chinois, anglais et allemands. Les artistes contemporains retenus dans les classements proposés par Artprice.com sont les artistes nés après 1945. Ce découpage par date de naissance exclu certains artistes vivants, dont Pierre SOULAGES, né en 1919 et bien plus coté que Robert COMBAS. De fait, Combas est l’unique français parvenant à se hisser parmi les 100 artistes mondiaux les plus performants aux enchères.
Robert Combas : seul français au Top 100 mondial
Robert Combas a la cote et ce malgré un marché à 90 % français. S’il s’exporte sporadiquement dans quelques ventes londoniennes, la demande est trop faible aux Etat-Unis pour faire véritablement exploser ses prix. Néanmoins, il se hisse aujourd’hui à la 81ème place du Top 100 contemporain, derrière des poids lourds tels que Antony Gormley (79éme) et Vik Muniz (80ème). Combas est l’un des grands favoris des collectionneurs français (et dans les pays limitrophes dont la Belgique et la Suisse) et la demande, toujours vive, a propulsé son indice de prix de plus de 63 % sur la décennie. Mieux, comparé au tout début du millénaire, ses oeuvres s’avèrent être des investissement extrêmement rentables, car 100 $ investit en 1999 valent en moyenne 375 $ à l’automne 2013. Son record d’enchère est par ailleurs frais de cette année avec une grande acrylique de 1985 cédée l’équivalent de 166 000 $ chez Cornette de Saint Cyr à Paris (Louis XIV, 1985, 218 cm x 165 cm, 28 mars 2013). Pour autant, ce succès n’en fait pas un artiste inabordable et 60 % de ses oeuvres sont accessibles en salles des ventes pour moins de 5 000 $ (estampes comprises : 17 % des transactions).
L’artiste a incarné la Figuration Libre dans les années 80 et apparaît aujourd’hui comme une figure à part, libre de tout « mouvement ». Il nourrit ses toiles labyrinthiques et riches en couleurs d’influences diverses, fait référence à la culture populaire, au rock, à la pornographie, à la bande dessinée, aux fresques historiques, aux mythes et aux légendes bibliques ou à l’histoire de l’art. On retrouve la même diversité dans les choix des supports et des techniques : toiles, vêtements, draps, pinceaux, céramiques, dessins chinés aux puces… tout se prête au jeu de la création. Son inventivité se manifeste ainsi sur tous types de supports. Même ses pinceaux usés sont récupérés pour former des crucifix qui s´échangent entre 1 500 et 4 000 $ en moyenne, alors qu’il fut possible d´en faire ´acquisition pour moins de 1000 $ il y a 10 ans.
Derrière Robert Combas, le marché de l’art contemporain français soutient fermement Philippe PASQUA, Richard ORLINSKI, Bernard FRIZE, Flore SIGRIST, Jacques TARDI, Gérard GAROUSTE, Pierre BAYLE, Bertrand LAVIER etFabrice HYBER. Ces signatures représentent aujourd’hui la fine fleur de l’art contemporain en France, en terme de résultats… avec des produits de ventes annuels 30 fois inférieurs en moyenne au dix artistes contemporains américains les plus performants en salles.