La dispersion de la collection de Samuel Josefowitz est le point d’orgue des ventes d’automne de Christie’s.
Plusieurs volets de ventes sont organisés par Christie’s cet automne pour disperser la collection de Samuel Josefowitz, immense passionné d’art décédé en 2015. Ces ventes inaugurent l’arrivée d’œuvres rares sur le marché de l’art, des œuvres Nabis et d’autres de l’école de Pont-Aven, mais aussi la plus importante collection privée d’estampes de Rembrandt au monde.
Samuel Josefowitz achète sa première œuvre – une estampe de Picasso – à l’âge de 16 ans sans imaginer l’ampleur que prendrait par la suite son histoire personnelle avec l’art. Co-fondateur de la Concert Hall Society devenue l’une des plus importantes entreprises de musique et d’édition, Josefowitz s’ouvre, parallèlement à ses activités professionnelles, à une autre activité toute aussi prenante, celle d’un collectionneur engagé construisant, au cours des décennies, l’une des collections d’art les plus importantes du 20e siècle.
L’homme a rassemblé une collection de premier plan consacrée à l’école de Pont Aven, mouvement révolutionnaire pour l’art moderne qui s’exprime dans les années 1880 et 1890 par le biais de peintres décidés à tout oser, dans le sillage d’un Gauguin simplificateur de formes et génie audacieux de couleurs puissantes et contrastées. L’oeuvre fondatrice de l’école de Pont Aven est Le Talisman (1888) de Paul Sérusier (1863-1927) aujourd’hui au musée d’Orsay : un petit tableau synthétique dont les tâches de couleurs tranchent avec la peinture post-impressionniste pour basculer vers une modernité plus audacieuse et plus radicale.
Kees van Dongen (1877-1968), La Quiétude, 1918. Huile sur toile. 115 x 146 cm. Estimation : 3 000 000 à 5 000 000 £. Vente du 13 octobre 2023 chez Christie’s
Josefowitz ne s’est pas contenté d’acheter les œuvres de ces artistes, il a aussi mené un travail de chercheur, enquêtant sur leurs traces, se rendant à plusieurs reprises en Bretagne à la recherche d’informations, d’archives, rencontrant des descendants des membres de Pont-Aven. Ce travail de terrain lui a notamment permis de déterrer des œuvres oubliées, des toiles enroulées et laissées à l’abandon au grenier. Lorsqu’il commence sa collection, il est l’un des rares à considérer ce pan de la création pour ce qu’il est : un basculement essentiel dans la création du 20e siècle.
Dans l’esprit radicalement moderne des artistes ayant contribué à l’école de Pont-Aven, Samuel Josefowitz collectionne les œuvres du groupe parisien qu’ils ont influencé : Les Nabis (notamment Félix Vallotton, Pierre Bonnard et Aristide Maillol) et d’autres artistes français incontournables, comme Gustave Caillebotte et Paul Signac. Par ailleurs, il constitue un ensemble sans égal de centaines d’estampes de maîtres anciens, jusqu’à réunir la plus belle collection d’estampes de REMBRANDT VAN RIJN en mains privées.
Ses collections et ses connaissances étaient telles qu’il a contribué à la réussite de bien des expositions publiques, notamment au Metropolitan Museum of Art, au MoMA et à la Royal Academy of Arts de Londres. Il a aussi joué un rôle important dans l’ouverture du musée de Pont-Aven, en faisant don de la richesse des documents d’archives qu’il a rassemblés sur l’école, et a financé un centre de recherche qui porte son nom.
Avant la mise en ligne officielle de son catalogue de vente, Christie’s annonce déjà quelques chefs-d’œuvre offerts à Londres le 13 octobre, sous les signatures de Kees VAN DONGEN, Félix VALLOTTON et Paul GAUGUIN, avec des lots estimés entre 3 000 000 et 5 000 000 £.
Paul Gauguin (1848-1903), Clovis Endormi, 1884. Huile sur toile. 46 x 55,3 cm. Estimation : 3 000 000 à 5 000 000 £.Vente du 13 octobre 2023 chez Christie’s.
Vente de la collection Samuel Josefowitz chez Christie’s :
“Une vie de découvertes et d’érudition” à Londres le 13 octobre 2023 ; suivie par une série de ventes consacrées à ses œuvres de Pont-Aven et Nabis, à Paris les 20 et 21 octobre (et en ligne, du 12 au 25 octobre) ; et des estampes de maîtres anciens intégrées à la vente Old Masters Part I, à Londres le 7 décembre.