Nouvelles pousses et déjà stars du marché de l’art, voici une sélection des cinq artistes de moins de 30 ans les plus performants aux enchères depuis janvier 2013. Dans notre tour du monde des nouvelles recrues en plusieurs chapitres, ce troisième volet rend compte de la cote des artistes issus d’Afrique et du Moyen-Orient sur l’année et demi écoulée.
Premier constat : sans l’existence de Christie’s à Dubaï, de Sotheby’s à Doha, du caractère souvent prospectif des grandes ventes de Londres, ces jeunes artistes auraient du mal à exister dans le monde des enchères.
Second constat : la cote étant intimement liée à la santé économique d’un pays (ou ici d’un continent élargi), les artistes issus d’Afrique et du Moyen-Orient sont les moins valorisés de la planète. A titre d’exemple, le résultat des adjudications cumulées des 5 premiers représente 150 000 $ en une année et demi d’enchères, contre près de 10 m$ générés par les cinq têtes d’affiche européennes et plus de 5,4 m$ pour les américains.
Troisième constat : le rythme des enchères est lié à leur puissance, c’est à dire que la vivacité des enchères influe sur la densité de l’offre. Dans le cas présent d’artistes encore méconnus à l’échelle internationale, le nombre de lots offerts sur l’année et demi écoulée est très ténu, le marché le plus « pléthorique » étant celui de Halil Vurucuoglu… avec quatre lots offerts.
Joseph Klibansky (né en 1984 à Cape Town)
Né à Cap Town et vivant à Amsterdam, Joseph KLIBANSKY doit sa réussite à une carrière menée à l’étranger et à sa conscience des rouages du marché, apprentissage aisé pour ce diplômé d’école d’affaires néerlandaise . C’est ici, à Amsterdam, qu’il fait son entrée dans le monde des enchères en 2008 avec un savant montage photographique sur son thème favori : la densité urbaine comme prétexte à de véritables fantaisies. Le premier grand format vendu, intitulé Heavy trafic et édité sur 25 exemplaires, décroche plus de 6 000 $ chez AAG (adjudication de 4 200 euros le 2 juin 2008). Trois ans plus tard, une large technique mixte sur 7 exemplaires grimpe à 40 000 $ chez Sotheby’s Amsterdam . Le travail de Klibansky séduit, il est visuellement efficace, somme d’un travail méticuleux de plusieurs centaines d’images compilées et retravaillées avec peinture et résine. Ses oeuvres ont déjà été vues dans quelques salons d’art contemporain de Bâle (Scope art fair) à Singapour, éveillant une demande plus internationale, grâce à laquelle la société de ventes Phillips dispersait une sculpture à Londres en avril 2014. Cette pièce en bronze poli, intitulée Elements of Life (part of the Elements Series) s’est vendue 63 650 $, soit 80 000 $ frais inclus. Cette enchère est la seule de l’année mais lui permet largement de devancer Halil Vurucuoglu, Yusuf Aygec, Vahid Chamani et Yasmine Ben Kheli, pour qui les meilleures adjudications oscillent entre 13 000 et 16 000 $.
Deux artistes d’origine turque suivent Klibansky dans ce Top 5.
Il s’agit d’Halil VURUCUOGLU (né en 1984) et de Yusuf AYGEC (né en 1989). Le premier sort diplômé du département de peinture des Beaux-Arts de Dokuz Eylül en 2007. En 2008, il bénéficie d’une exposition solo à Istanbul (Bambu dans Dirimart) puis participe à plusieurs expositions de groupe en Turquie et à l’étranger, notamment à Londres en 2013 pour « Istanbul INN London ». De fait, ses ventes se partagent entre Londres et Istanbul, depuis 2010, avec de niveaux de prix sensiblement plus élevé au Royaume-Uni qu’en Turquie. Ses grands dessins accessibles entre 5 000 et 6 000 $ à Istanbul peuvent se vendre 1 000 à 4 000 $ de plus à Londres. Londres, capitale du marché de l’art européen, est un bon tremplin pour le rayonnement international de ces artistes. Sotheby’s y organise une première vente dédiée à la création turque contemporaine en mars 2009 (73 lots). Deux ans plus tard, c’est au tour de Phillips de Pury & Company d’annoncer Confessions Of Dangerous Minds: Contemporary Art from Turkey, dont l’exposition est organisée à la galerie Saatchi. Le second artiste turc du Top 5 est Yusuf Aygec (né en 1989) qui doit son succès à une oeuvre tiraillée entre l’Europe et le Moyen-Orient. L’artiste détourne en effet des oeuvres historiques immédiatement identifiables en remplaçant le visage d’origine par des sujets contemporains. Deux toiles ont testé les enchères, toutes deux chez Christie’s Dubaï, toutes deux vendues à 12 000 et 13 000 $.
Vahid CHAMANI (né en 1984 en Iran) et Yasmine BEN KHELIL (né en 1986 en Tunisie) intéressent aussi les salles de ventes, notamment de Dubaï et de Doha. Leur marché est encore ténu mais prometteur, ayant chacun passé le pallier des 10 000 $.