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Marché de l'art

Peinture : le géant du marché ralentit la cadence

Catégorie emblématique du marché de l’art, la peinture concentre les désirs et les records, du prestige des grands maîtres aux toiles d’artistes contemporains. Dans un contexte de prudence généralisée et de raréfaction des chefs-d’œuvre, comment évolue vraiment ce pilier du marché ?

 

Catégorie la plus convoitée, la peinture règne sur le marché de l’art, concentrant à elle seule près des deux tiers de sa valeur globale. Mais en cette période chahutée, même ce pilier vacille : le haut de gamme s’essouffle. Le segment accessible, dopé l’an dernier par un record de transactions, parvient-il à maintenir le cap ?

 

Un déclin substantiel pour le marché de prestige

La peinture reste le pilier du marché des enchères : en 2024, elle représente 38 % des transactions mondiales – soit plus de 307 000 œuvres adjugées – et 63 % de la valeur globale du marché, qui s’élève à 6,2 milliards de dollars. C’est aussi dans cette catégorie que la pression est la plus forte : à ce jour, 21 peintures ont franchi la barre spectaculaire des 100 millions de dollars aux enchères. À titre de comparaison, seules trois sculptures, toutes signées Alberto Giacometti, ont atteint de tels sommets.

 

Ce niveau d’exception est resté hors de portée depuis le début de l’année, malgré une envolée à 121 m$ pour un Empire des Lumières de René Magritte en novembre dernier chez Christie’s. Mais les chefs-d’œuvre se font plus rares en salle et les grands acheteurs moins enclins à la surenchère. Résultat : même le seuil des 50 millions peine à être franchi. Il s’en est pourtant fallu de peu le 12 mai, avec une toile de Piet Mondrian adjugée 47,56 m$ chez Christie’s New York – le meilleur résultat enregistré depuis janvier 2025. Et un cas d’école de plus-value : l’œuvre avait été acquise 2,35 m$ en 1992, soit une multiplication par 20 en un peu plus de trente ans.

 

Mondrian 2025

Piet MONDRIAAN (1872-1944)

Composition with Large Red Plane, Bluish Gray, Yellow, Black and Blue (1922). Huile/toile, 54 x 53,3 cm

Christie’s New York, 12/05/2025, Leonard & Louise Riggio : Collected Works

Prix avec frais: 47 560 000 $

 

Le cas Mondrian, aussi spectaculaire soit-il, ne suffit pas à masquer le repli structurel du segment premium, à la peine depuis trois ans.

Petit retour en arrière : au sortir de la crise sanitaire, les œuvres à plus de 10 millions de dollars connaissent une envolée inédite. Leur nombre grimpe de +126 % entre les cinq premiers mois de l’année 2012 et ceux de l’année 2022, tiré par un regain de confiance et une course aux chefs-d’œuvre.

En 2024, le volume de ces toiles d’exception chute déjà de moitié sur la période étudiée. Et la tendance se confirme en 2025 : entre janvier et mai, seules 17 peintures ont franchi le cap des 10 millions, contre 75 en 2022. Soit une contraction de -77 % par rapport au sommet atteint il y a tout juste trois ans.

 

Évolution du nombre de peintures vendues à plus de 10 millions de dollars

Sur les cinq premiers mois de chaque année :

  • 2025 : 17 toiles
  • 2024 : 40 toiles
  • 2023 : 44 toiles
  • 2022 : 75 toiles
  • 2021 : 59 toiles
  • 2020 (année Covid) : 6 toiles
  • 2019 : 47 toiles

 

Un net recul depuis le pic post-Covid

Après un envol spectaculaire en 2022, où pas moins de 75 peintures franchissent le seuil des 10 millions de dollars (frais inclus), le marché de prestige s’essouffle visiblement. Avec seulement 17 ventes de ce calibre enregistrées entre janvier et mai 2025, ce segment recule de -77 % par rapport à son sommet. Un repli qui illustre le manque d’œuvres majeures proposées et un appétit plus mesuré des grands acheteurs dans un contexte de prudence généralisée.

 

Le boom des toiles à moins de 1 000 $ se poursuit-il en 2025 ?

Tandis que le sommet du marché accusait un net repli depuis 2022, la base du marché, elle, s’est montrée étonnamment dynamique. En 2024, les peintures adjugées à moins de 1 000 dollars représentaient plus de la moitié des transactions mondiales dans cette catégorie. Un volume en forte progression, porté par une demande active, notamment sur les plateformes en ligne et dans les ventes locales.

Publié le mercredi 18 juin 2025 par Artprice

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