Les trois artistes les plus “populaires” du marché de l’art, à savoir ceux pour lesquels l’offre et la demande sont les plus intenses, ont tous à leur actif une immense production. La manne d’œuvres produite au cours de leur carrière alimente le marché en quête perpétuelle des signatures incontournables de Picasso, Salvador Dali et Andy Warhol.
Picasso : une moyenne de 10 oeuvres par jour
Pablo PICASSO a produit plusieurs dizaines de milliers d’œuvres réalisées sur une grande variété de supports. Parmi celles-ci, de nombreuses estampes ont été éditées sur plusieurs exemplaires chacune, parfois plus de 100. Picasso a donc laissé derrière lui un héritage si astronomique qu’à sa mort, le commissaire priseur Maurice Rheims inventoriait pas moins de 120 000 œuvres…
Picasso étant Picasso, soit l’un des artistes les plus emblématiques et désirables qui soit, il est l’un des plus coté du marché sans être le plus rare, bien au contraire : près de 80 000 de ses oeuvres ont été soumises aux enchères en 40 ans, dont 3 462 lots vendus au cours de la seule année 2021. Cela représente presque 10 œuvres quotidiennement passées sous le marteau des commissaires priseurs du monde entier, pour peu que l’on ramène cette manne à une moyenne quotidienne certes artificielle, mais utile pour l’imagination.
Et si Pablo Picasso reste la signature moteur des ventes les plus prestigieuses – avec 52 œuvres vendues à plus de 10 millions de dollars chacune en 2021 – il est aussi totalement abordable par le plus grand nombre des collectionneurs, car 43% de ses oeuvres ne dépassent pas les 5 000$ sur le marché des enchères, essentiellement grâce aux nombreuses estampes.
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Pablo PICASSO (1881-1973)
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3 462 lots vendus
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Meilleure adjudication 2021 : 103,4m$
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Salvador DALI (1904-1989)
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2 387 lots vendus
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Meilleure adjudication 2021 : 10,7m$
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Andy WARHOL (1928-1987)
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1 591 lots vendus
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Meilleure adjudication 2021 : 47,3m$
Dali : un seuil de transactions historiquement haut
Le scénario n’est pas si éloigné pour l’extravagant Salvador DALI dont le marché est loin de se tarir. Il atteint au contraire un record historique avec plus de 2 300 lots vendus au cours de l’année dernière, soit quatre fois plus qu’au début des années 2000. Et si les œuvres les plus cotées de Dali dépassent les 15 millions de dollars, l’immense majorité est abordable, via une multitude d’estampes, représentant avec 87% des lots vendus sous le seuil des 5 000$.
Un marché à manier néanmoins avec précaution, car il est de notoriété publique que Dali a apposé sa signature sur une multitude de feuilles vierges, feuilles ensuite ornées de dessins ou de lithographies. Des milliers de “fausses” estampes seraient ainsi en circulation, si bien que les amateurs privilégient les planches antérieures aux années 1980, voire aux années 1960, pour garantir leur originalité.
Warhol : la machine à produire
Véritable usine à produire des œuvres, la Factory d’Andy WARHOL a détourné la technique de reproduction sérigraphique pour répéter les images représentatives de son époque, depuis les produits commerciaux aux célébrités de son temps. Souhaitant s’approcher au plus près d’une production machinale, légitimant la production en série comme processus créateur, Warhol est l’auteur d’une production massive parmi les plus recherchées par les collectionneurs.
Les trois quart de ses œuvres vendues aux enchères sont des estampes, parmi lesquelles les lithographies signées côtoient des planches historiques, très fortement valorisées. Lorsque les plus belles, signées et numérotées du vivant de Warhol, s’envolent pour des sommes à sept chiffres, plusieurs centaines de planches sont échangées pour moins de 5 000$ : un seuil constitutif de 44% des “Warhol” vendus en 2021.