Egon Schiele sous NFT

31/05/2022 Par Artprice
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Une rare toile d’Egon Schiele a été récemment redécouverte chez des particuliers à Vienne. Réalisée en 1907, cette huile sur toile du maître autrichien représente son oncle Leopold Czihaczek jouant du piano, le regard concentré sur sa partition. Une scène intime et un témoignage rare, réalisée par Egon Schiele à l’âge de 16 ans, l’année même où Gustav Klimt remarque son talent et en fait son protégé.

 

Cette redécouverte est donc historiquement importante sur plusieurs plans, suffisante pour que le musée Leopold de Vienne, qui abrite le plus vaste ensemble d’œuvres d’Egon Schiele au monde (42 peintures et 184 aquarelles), cherche à acquérir ce portrait de Leopold Czihaczek jouant du piano, et à le restaurer afin de pouvoir l’exposer sous son meilleur jour.

 

Egon Schiele, Leopold Czihaczek at the Piano (1907)

 

Les toiles d’Egon Schiele sont bien évidemment très valorisées. Les meilleures s’envolent entre 20 et 40 millions de dollars, et même les œuvres de jeunesse peuvent dépasser le million. Ce fut justement le cas au printemps dernier, avec une petite Crucifixion réalisée là encore par Schiele l’année de ses 16 ans, et vendue pour 1,2m$ chez Sotheby’s à Londres (Crucifixion with Darkened Sun, 1907, vente du 2 mars 2022).

 

Afin de financer l’acquisition et la restauration de la toile, le musée Leopold à donc décidé de dupliquer 24 oeuvres de l’artiste qu’il possède, sous forme de NFT qu’il a mis aux enchères entre le 16 et le 26 mai, pour des sommes comprises entre 500 et 100.000 euros.

LaCollection.io

Pour cette première aventure digitale, le musée Léopold a choisi de travailler avec la société française LaCollection.io qui a déjà fait ses preuves avec le British Museum.

Cette plateforme fondée par Jean-Sébastien Beaucamps est lancée fin septembre 2021 afin de permettre aux musées, galeries et peut être aux artistes par la suite, de vendre leurs œuvres physiques, sous formes de NFT. Un premier partenariat est conclu en 2021 avec le  British Museum, pour une série de NFT d’œuvres d’HOKUSAI (1760-1849), dont la  célèbre Grande Vague. La collaboration entre LaCollection.io et le British Museum s’est poursuivie avec une collection de NFT d’après des œuvres de Giovanni Battista PIRANESI (1720-1778) et de Joseph Mallord William TURNER (1775-1851).

 

Acquérir un NFT émis par le British Museum, c’est à la fois soutenir cette grande institution, vivre une nouvelle expérience de collectionneur et posséder un bout de l’Histoire de l’Art dans le Métavers en pleine construction”. Jean-Sébastien Beaucamps 

 

 

Acquérir des NFT d’après des œuvres dont on sait qu’elles ne sortiront jamais des musées est aussi une occasion unique de se constituer une collection digitale labellisée par de grandes institutions, à des prix évidemment beaucoup plus raisonnables que ceux des œuvres physiques.

 

C’est l’un des usages les plus originaux de la Blockchain : pouvoir acquérir la propriété numérique d’œuvres qui existent dans notre monde bien réel mais qui sont inaccessibles. En effet, alors que les œuvres de Schiele ne sortiront jamais des collections du prestigieux musée Léopold, les 24 NFT associés à ces œuvres pourront tout au contraire bouger librement et instantanément d’un continent à un autre. Indéniablement, la production de NFT par le British Museum, le musée de l’Hermitage, celui des Offices, et désormais le Musée Leopold de Vienne apporte une vraie légitimité au marché des NFT, tout en promettant des rentrées d’argent bienvenues à ces institutions. Ces premiers NFT muséaux pourraient se transformer en véritable manne économique en fonction de leur courbe de valeur, car les contrats prévoient des commissions en cas de revente sur le marché secondaire. Pour le British Museum, par exemple, la revente d’un NFT Hokusai générera 10% au musée et 3% à LaCollection.io.

 

Une Marketplace a également été mise en place pour remettre en vente les NFT achetés. Celle-ci permet à tous ceux qui n’ont pas eu la chance d’acquérir une œuvre à temps d’y accéder via le second marché, mais aussi à l’heureux propriétaire d’un de ces jetons de rêver. Ainsi l’acquéreur du NFT d’Hokusai “O-iwa-san, poisoned by her unfaithful husband […]” #1/2, a mis en vente son token pour 148 000€ au début de l’année 2022 , alors même qu’il avait acquis ce NFT pour 5 905€ le 14 octobre 2021. Puisque la seconde édition de ce NFT est détenue par le British Museum, le collectionneur est libre de fixer le prix de la seule version numérique de cette œuvre qu’il est possible d’acheter aussi haut qu’il le souhaite.

 

Communiqué d'Artprice