Art : les 10 artistes vivants les plus chers du monde depuis le début de l'année

27/09/2015 Par Artprice
5 min de lecture

 

Rang Artiste Adjudication Œuvre Vente

1

Gerhard RICHTER

41 142 600$

Abstraktes bild (1986)

2015-02-10 Sotheby’s LONDRES

2

Christopher WOOL

26 500 000$

Untitled (Riot) (1990)

2015-05-12 Sotheby’s NEW YORK NY

3

CUI Ruzhuo

25 800 000$

Landscapes (2013)

2015-04-06 Poly Auction Ltd HONG KONG

4

Gerhard RICHTER

25 000 000$

Abstraktes Bild (1992)

2015-05-12 Sotheby’s NEW YORK NY

5

Peter DOIG

23 000 000$

Swamped (1990)

2015-05-11 Christie’s NEW YORK NY

6

Gerhard RICHTER

21 330 400$

Vierwaldstätter See (Lake Lucerne) (1969)

2015-02-11 Christie’s LONDRES

7

Gerhard RICHTER

19 661 250$

A B, Brick Tower (1987)

2015-07-01 Sotheby’s LONDRES

8

Robert RYMAN

18 250 000$

Bridge (1980)

2015-05-13 Christie’s NEW YORK NY

9

Gerhard RICHTER

12 950 600$

Karmin (Carmine) (1994)

2015-02-11 Christie’s LONDRES

10

Jeff KOONS

9 500 000$

Louis XIV (1986)

2015-05-13 Christie’s NEW YORK NY

copyright © 2015 artprice.com_

Gerhard Richter, l’artiste le plus convoité du monde

Gerhard RICHTER est le grand numéro 1 cette année. Il domine la moitié du classement et enfonce le clou avec un nouveau record enregistré sous sa signature en février dernier. L’un des ses champs abstraits (Abstraktes bild) de 1986 a dépassé de quelques 16 millions son estimation haute pour hisser son nouveau record à 46,3 m$ frais inclu (Sotheby’s Londres) . En 10 ans, l’indice de prix de Richter a grimpé de 234% , une progression importante, qui se traduit dans le faste d’un chiffre d’affaires multiplié par 10 sur la même période : son produit de ventes annuel aux enchères est passé de moins de 22 m$ en 2005 à plus de 254 m$ l’année dernière. Cette véritable flambée est digne des excès du marché pour un artiste plus jeune que Richter : l’américain , qui plafonne quant à lui à 58,4 m$ frais inclus depuis 2013 (pour une sculpture géante de Balloon Dog vendue en 2013 Christie’s New York) et demeure l’artiste vivant le plus cher du monde. Bien qu’il n’ai pas renouvelé d’exploit cette année, il reste en lice des artistes les plus chers et convoités en clôturant notre classement (le prix de sa sculpture Louis XIV, vendue 10,8 m$ le 13 mai dernier, affiche une hausse de plus de 4 400% en 20 ans). Richter est lui-même dérouté par les montants astronomiques générés par la vente de ses œuvres : il confiait à The Guardian, en mars 2015, être « horrifié » de voir les records sans cesse battus. Bien qu’ils s’agissent de bonnes nouvelles, ces sommes lui paraissent choquantes. La course aux records ne dépend pas toujours des artistes, en tout cas pas pour Richter qui craint un écroulement des prix et préfère se souvenir avec nostalgie de la joie qu’il a ressenti, il y a 30 ans, lors de la vente d’une toile abstraite à un collectionneur de Cologne. La toile se vendait alors autour de 10 000 $ et la valeur financière n’avait pas encore pris le pas sur l’intérêt sensible de l’oeuvre…

Le marché gère sa propre sphère et élit ses nouvelles stars. Ces dernières années, il a fait flamber les toiles de Christopher WOOL (second au classement) et de Peter DOIG à grande vitesse , comme en témoigne leurs nouveaux records absolus, signés en cette mai 2015 : le sommet de de Peter Doig affiche désormais près de 26 m$ (Swamped, Christie’s New York, 11 mai 2015), celui de Christopher Wool (Untitled (Riot), Sotheby’s New York, 12 mai 2015) près de 30 m$ frais inclus. A l’échelle de la décennie, la cote du premier a grimpé de presque 750%, celle du second de… 2 200% ! Les acheteurs millionnaires aiment et s’arrachent leurs toiles dès que l’occasion de présente. Sur les 16 toiles de Wool mises aux enchères depuis janvier 2015, 14 ont trouvé preneur dont 13 au-delà du million. Pourquoi ses œuvres sont-elles si chères ? Wool, soutenu par le grand marchand Larry Gagosian l’est aussi par toutes les grandes institutions culturelles américaines et les critiques qui le désigne comme l’artiste américain le plus important aujourd’hui. Le sacre multi-millionnaire du marché illustrerait une convergence entre la valeur de son œuvre et sa cote. Un hausse des prix de l’ordre de 2 200% en 10 ans ne les effraie pas mais les conforte dans leur choix.

Une grand maître américain : Robert Ryman

En parallèle de ses hausses fulgurantes de prix, le Top10 nous rappelle que Robert RYMAN, né en 1930, est un artiste incontournable dans la construction de l’art contemporain américain . Ryman, l’un des plus grands représentants de la peinture abstraite américaine radicale, vient de signer un nouveau record d’enchère cette année à hauteur de 20,6 m$ pour le monochrome Bridge (1980). Ce type de peinture est typique de son travail, lequel prend en compte, grâce au dépouillement de la peinture blanche, l’épaisseur du tableau, sa relation au mur, au mode de fixation et à l’espace. Bien qu’il n’apparaisse pas dans ce classement, car son record remonte à novembre 2014, signalons la revalorisation récente d’un autre grand maître américain, Jasper Johns, qui fut à l’origine du Pop Art dans les années 1950. Jasper Johns fut tout aussi radical que Ryman mais dans un héritage plus duchampien : ses ready-made fabriqués à l’encaustique, comme les fameux Flags, qui inauguraient la galerie du marchand Léo Castelli en janvier 1958, rencontraient d’emblée un immense succès qui ne sera jamais démenti. Le record absolu de Jasper Johns enregistré en novembre dernier, récompense l’un de ses Flag (1983) à hauteur de 36 m$ frais inclus (Sotheby’s New York).

Force est de constater que les choix des plus riches collectionneurs de la planète ne s’orientent pas en premier lieu sur les artistes « historiques » de notre art contemporain. Les meilleures œuvres de Robert Ryman et de Jasper Johns se vendant 10, 20 ou 30 millions de moins que le sommet atteint par Jeff Koons.

Sans oublier la Chine

Comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la Chine fait savoir par le marché qu’elle soutient fermement ses artistes, d’où la présence de CUI Ruzhuo en troisième position des artistes vivants les plus chers de l’année, derrière Christopher Wool et Gerhard Richter . Né a Pékin en 1944, Cui Ruzhuo a étudié en Chine et aux Etats-Unis, avant d’enseigner à l’Académie Nationale Chinoise des Arts. Erudit, grand collectionneur d’art chinois, ambitieux, Cui Ruzhuo reflète l’avidité du marché chinois pour les dessins à l’encre, soit pour une création contemporaine renouvelant la grande tradition chinoise. Les riches collections se l’arrachent à Hong Kong , où Christie’s, Sotheby’s et Poly Auction vendent ses œuvres plusieurs millions de dollars. 40 œuvres de Cui se sont vendues au-delà du million de dollars depuis 2011… Son nouveau record s’est établi à 30,4 m$ en avril 2015 pour un grand travail de paysages achevés deux ans plus tôt (Landscapes, 2013, 292 cm x 143 cm), ce qui fait de lui un artiste plus coté que Pablo Picasso dans le domaine du dessin.

A la différence de Richter, Cui Ruzhuo se sent investi dans une course aux records qui incarnant l’ambition chinoise face au reste du monde. Etre parmi les artistes les plus cotés du monde réalise en quelque sorte son Chinese Dream.