En mai-juin, les entreprises qui clôturent au 31 décembre publient leurs comptes, et les transmettent à leurs banquiers et à leurs investisseurs. Christine Raffray, expert-comptable Baker Tilly France, explique comment ces professionnels analysent les comptes des entreprises.
Un bilan peut se lire de deux manières
Lecture descriptive et lecture financière
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La lecture descriptive permet d’apprécier la situation financière de l’entreprise .
Quels sont les soldes de compte, le chiffre d’affaires, la trésorerie, les créances, les dettes ? Le banquier et l’investisseur vont avoir les réponses à des questions du type : « Où est la trésorerie, à l’actif ou au passif ? Y a-t-il des emprunts ? Quel est le niveau des fonds propres ? Y a-t-il des provisions pour risques ? L’entreprise a-t-elle des participations financières ? »
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La lecture financière est davantage analytique. Le raisonnement s’effectue par masse et par cycle.
Le financier va isoler de grands « blocs » au sein du bilan, par exemple l’actif immobilisé, l’actif circulant (stocks, créances clients), la trésorerie. Au passif il va étudier le haut de bilan (les capitaux propres + les dettes à long terme) et le bas de bilan (dettes à court terme). Sur cette base, il fera facilement ressortir si ces grandes masses s’équilibrent ou pas. Il va apporter une attention toute particulière au fonds de roulement (capitaux propres moins actif immobilisé), qui permet de vérifier que les immobilisations ont bien été financées par des capitaux permanents (dont les emprunts). La logique est que les biens qui servent à l’entreprise à long terme soient financés par des financements également à long terme.
Il vérifiera le besoin en fonds de roulement (actif circulant moins dettes circulantes), véritable nerf de la guerre au sein de toutes les entreprises.
Ce que regarde un banquier
Les deux axes majeurs pour un banquier sont l’analyse des liquidités, pour évaluer la solvabilité et la trésorerie, et l’appréciation de la structure financière . Il va s’attacher à l’équilibre financier à l’aide des fondamentaux : le fonds de roulement et le financement de l’investissement , le besoin en fonds de roulement et la trésorerie. Lorsqu’il ne finance pas lui-même le BFR, il va se poser la question de savoir comment celui-ci est couvert. Son objectif : identifier l’aptitude de l’entreprise à rembourser un emprunt, ou à recouvrir un découvert bancaire dans un délai relativement correct.
Le banquier retient généralement une méthode de scoring comportant une batterie de ratios qu’il considère adaptés à l’entreprise.
Ce que regarde un investisseur
S’il étudie également de façon descriptive et financière les comptes, s’il s’intéresse également aux masses du bilan, l’essentiel pour lui est d’avoir une vue globale de la santé de l’entreprise et, en tant qu’apporteur de capitaux, il s’attache surtout au retour sur investissement.
L’investisseur va se faire une idée du potentiel de l’entreprise, du risque, et va le rapprocher de son propre risque à investir.
Il va mettre en évidence, à titre d’exemple :
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la rentabilité : résultat d’exploitation / chiffre d’affaires - EBE / chiffre d’affaires,
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la rentabilité financière : résultat net / fonds propres. Plus ce ratio sera élevé, plus il séduira un investisseur,
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la structure financière : capitaux propres / capitaux permanents.
En résumé, un investisseur aura une approche qui se recoupe avec celle du banquier, mais là où le banquier regarde les grandes masses, l’investisseur aura une approche plus dynamique et s’attachera davantage à la cohérence entre l’activité et les comptes.