Les acquisitions à moins de 10 000 $ aux enchères peuvent se révéler être de véritables pépites. Entre chefs-d’œuvre méconnus et artistes incontournables, plongez dans un marché aussi accessible que prometteur, où le flair peut rapporter gros.
Des multiples aux dessins originaux, en passant par des sculptures et des toiles uniques, l’amateur avisé pourra trouver aux enchères des œuvres signées Andy Warhol, Le Corbusier, Marlene Dumas ou Takashi Murakami. À moins de 10 000$ en salle de ventes, les icônes du passé croisent les stars contemporaines, confirmant qu’il est possible d’acquérir des trésors avec un budget maîtrisé.
Une réalité s’impose : acquérir une œuvre à moins de 10 000 $ peut ouvrir la voie à des plus-values significatives.
Après avoir vu dans les épisodes précédents où acheter des œuvres aux enchères, et quelles stratégies adopter pour une construire une collection, Artprice explore la notion d’investissement dans l’art.
Entre achat coup de cœur et potentiel économique, comment bien choisir ? En comprenant précisément les subtilités du marché à l’aide des statistiques sur les artistes, vous verrez notamment que des œuvres apparemment similaires, signées Jeff Koons ou Andy Warhol, peuvent afficher des écarts de prix impressionnants.
Des plus values qui font rêver
Dans les hautes sphères du marché de l’art, certaines plus-values atteignent des sommets vertigineux, se chiffrant parfois en millions de dollars. Les reventes d’œuvres phares de Pablo Picasso ou de Jean-Michel Basquiat, bien achetées par le passé, en témoignent régulièrement.
Les meilleures œuvres des grands noms ne sont pas les seules à offrir des opportunités lucratives. Des artistes plus confidentiels ou des œuvres accessibles d’artistes stars peuvent également générer des gains spectaculaires. Prenez cet exemple frappant : un dessin d’Eugène Boudin, acquis pour moins de 6 000 $ en 2017, a été revendu 259 000 $ cette année, soit un bénéfice impressionnant de 253 000 $ en seulement sept ans.
À titre d’exemple, Artprice dresse un panorama des meilleures plus-values réalisées depuis 2023, sur des œuvres précédemment acquises pour moins de 10 000 $ en salles de ventes.
Pastel/ papier bleu, 15 x 23 cm
Vendu 259 000$ chez Christie’s Londres en mars 2024
Entre 2017 et 2024, la plus-value réalisée sur ce dessin est de 253 000$
L’essor des maîtres indiens à New York
Depuis New York, les plus fortes progressions de prix reviennent aux maîtres modernes indiens. Sotheby’s a été pionnier en introduisant ces artistes auprès des collectionneurs américains au début des années 2000, une époque où leurs œuvres s’achetaient à bas prix. Depuis, la scène artistique indienne s’est imposée comme l’une des plus dynamiques, avec des prix multipliés par 50, 60, voire davantage.
Parmi les exemples les plus marquants : une Vue urbaine de Sayed Haider Raza et un paysage de Bal Chhabda ont vu leurs valeurs exploser. Mais c’est Francis Newton SOUZA qui décroche la palme. Son dessin The Naked Family, acheté environ 2 000 $ au début des années 2000, a été revendu pour 201 000 $ en 2024, multipliant ainsi son prix initial par 100.
Le classement des meilleures plus-values récemment enregistrées à New York confirme que les maîtres modernes indiens ont offert les meilleurs retours sur investissement pour des œuvres acquises à moins de 10 000 $ il y a une vingtaine d’années.
Top 4 reventes à New York en 2023-2024, pour des œuvres précédemment achetées entre 1 000 et 10K$
Sur le marché français : Carlos Cruz-Diez en tête
En France, la plus belle revente revient au maître de l’Op Art Carlos CRUZ-DIEZ, dont l’indice des prix affiche une progression de 4 % cette année. L’une de ses Physichromies, achetée pour moins de 2 500 $ en 2002, a été adjugée à plus de 125 000 $ fin 2023 chez Tajan.
Des gains notables ont également été réalisés sur des artistes plus discrets. Par exemple, le peintre suisse Alfred Van Muyden ou la surréaliste Valentine HUGO. La toile de cette dernière, L’Esprit du vin ou l’alcoolisme, acquise pour moins de 10 000 $ il y a six ans, s’est récemment vendue pour 96 000 $.
Lire : Les femmes surréalistes créent la surprise
Conseil pratique : sur la page Artprice dédiée à Carlos Cruz-Diez, utilisez la fonction “Recherche avancée” pour affiner vos critères. Par exemple, recherchez les Physichromies adjugées à moins de 10 000 $ et identifiez les formats accessibles dans cette fourchette de prix.
Top 4 reventes à Paris en 2023-2024, pour des œuvres précédemment achetées entre 1 000 et 10K$
À Londres : le triomphe d’Eugène Boudin
À Londres, la revente la plus spectaculaire de l’année revient à une Étude de ciel d’Eugène BOUDIN. Estimée 25 000 $, elle a finalement été adjugée dix fois plus cher ! Ce petit pastel d’une vingtaine de centimètres, acheté à Paris pour moins de 6 000 $ en 2017, a été revendu 259 000 $. Ce montant marque également un nouveau record pour un dessin de Boudin, consolidant ainsi la valeur de ses petites œuvres sur le marché.
Conseil pratique : pour maximiser vos chances d’acquérir une œuvre d’Eugène Boudin (ou d’un autre artiste), créez une alerte e-mail sur Artprice et gardez un œil sur les ventes des maisons de proximité. Ces ventes offrent souvent des prix plus accessibles que celles des grandes maisons internationales.
Top 4 reventes à Londres en 2023-2024, pour des œuvres précédemment achetées entre 1 000 et 10K$
Balloon Dogs : Flambée des prix et secrets de collection
Jeff Koons et Andy Warhol, deux des artistes les plus cotés du marché, ne se limitent pas à des œuvres multimillionnaires. Ils proposent aussi des multiples accessibles, souvent pour quelques milliers de dollars. Parmi les plus emblématiques : les Balloon Dogs en porcelaine de Koons et les portraits de Marilyn Monroe de Warhol, déclinés dans diverses couleurs. Ces éditions, véritables icônes, ont vu leurs prix progresser avec le temps, mais non sans quelques surprises.
Prenons le cas des petits Balloon Dogs de KOONS. L’artiste a produit une édition de 2 300 exemplaires (+50 épreuves d’artistes) en cinq couleurs distinctes. Au début des années 2000, ces pièces s’acquéraient pour 500 à 1 000 $. Aujourd’hui, elles s’échangent entre 5 000 et 7 000 $ aux enchères.
Certains exemplaires ont connu des envolées spectaculaires. En 2013, une version rouge s’est adjugée à 52 500 $ — dix fois son prix habituel. Entre 2014 et 2019, plusieurs versions bleues ont également franchi la barre des 25 000 $. Ces flambées témoignent d’une forte volatilité, les éditions rouges et bleues étant nettement plus prisées que les jaunes, oranges ou magenta, produites ultérieurement. Les collectionneurs privilégient en effet les éditions “historiques”, et le Balloon Dog rouge, qui approche de ses 30 ans, en est un parfait exemple.
Conseil pratique : ces Balloon Dogs en porcelaine sont fragiles et leur valeur dépend aussi de leur état. Ceux qui ont été endommagés puis restaurés seront dévalués par rapport aux exemplaires les mieux conservés. N’hésitez pas à demander un rapport d’état avant d’enchérir.
Pourquoi les prix des Marilyn de Warhol varient-ils autant ?
Les sérigraphies de Marilyn Monroe par Andy Warhol sont des incontournables du marché : plus de 200 exemplaires s’échangent chaque année aux enchères. Mais leurs prix oscillent entre 300 $ et plus de 500 000 $ ! Pourquoi un tel écart ?
Les éditions les plus prisées remontent à 1967. Réalisées par Warhol lui-même et publiées par Factory Additions à New York, elles se déclinent en 250 portfolios, chacun contenant 10 Marilyn en différentes couleurs. Cette série, devenue rarissime, atteint régulièrement des sommets avec des enchères à six chiffres.
Sérigraphie couleurs, Ed. 250
Ketterer Kunst GmbH, Munich, 07/12/2024
L’histoire se complique avec une autre série, celle des sérigraphies Sunday B. Morning. Dans les années 1970, deux associés belges lancent ces tirages en utilisant les négatifs et codes couleurs originaux de Warhol qui les a certes consultés, mais n’a pas officialisé la collaboration. Les premiers exemplaires, tamponnés “Fill in your own signature” (“Remplissez votre propre signature”) au dos, datent de 1970 et sont officiellement reconnues. Toutefois, Sunday B. Morning continue de produire ces sérigraphies, et leur abondance limite leur valeur.
Résultat ? Les éditions récentes Sunday B. Morning se vendent pour quelques centaines de dollars seulement. Avec un budget de 3 000 $, il est même possible d’acquérir un portfolio complet de 10 Marilyn — soit environ 300 $ par tirage. Sur le marché, ces pièces peuvent toutefois atteindre deux, trois ou même quatre fois ce montant lorsqu’elles sont proposées à l’unité.
Conseil pratique : Pour toute sérigraphie d’Andy Warhol, renseignez-vous sur le type d’édition et sa date, les éditions des années 1970 étant les plus précieuses. Vérifier la présence au dos du tampon “Fill in your own signature” pour une édition Sunday Bay Morning.
Bonus : le casse-tête des frais vendeurs enfin décrypté
Après avoir payé des frais acheteurs lors de l’acquisition de votre œuvre aux enchères, vous découvrirez qu’en la revendant par ce même canal, des frais vendeurs s’appliquent également. Ces frais, variables, dépendent des services proposés par la maison de vente : reproduction dans un catalogue, campagnes publicitaires, et parfois des coûts annexes comme le transport, la restauration, le nettoyage ou l’encadrement de l’œuvre.
Les frais vendeurs sont fixés lors de la signature du mandat de vente et peuvent atteindre jusqu’à 30 % TTC du prix marteau, selon les maisons d’enchères. Les grandes maisons comme Christie’s ou Sotheby’s appliquent souvent des taux plus élevés que les maisons plus modestes, justifiés par leurs prestations haut de gamme : catalogues prestigieux, campagnes de communication sophistiquées, expositions itinérantes à l’international et ventes thématiques ciblées.
Prenons un exemple : si vos frais vendeurs s’élèvent à 20 % TTC et que votre Balloon Dog de Jeff Koons est adjugé à 10 000 $, la maison de vente prélèvera 20 %, soit 2 000 $. Vous toucherez donc 8 000 $ pour la vente de votre pièce.
Bonne nouvelle : ces frais sont souvent négociables, contrairement aux frais acheteurs. Plus votre objet est précieux, plus la maison de vente sera motivée à le proposer aux enchères, ce qui vous donne une opportunité de demander une réduction. Dans le cas de pièces exceptionnelles, ces frais peuvent même être quasi nuls. En revanche, pour des objets de valeur moyenne, la marge de négociation sera plus restreinte.
Le droit de suite sur la vente d’oeuvres d’art
Le droit de suite est une rémunération due aux artistes vivants, ou à leurs ayants droit, pour chaque revente de leurs œuvres. Ce droit, qui varie de 4 % à 0,25 % par palier et est plafonné à 12 500 euros, peut être perçu jusqu’à 70 ans après la mort de l’artiste. Il est collecté par l’Association pour la Diffusion des Arts Graphiques et Plastiques (ADAGP) ou d’autres comités d’artistes.
Ce droit inaliénable assure aux créateurs graphiques et plastiques, et ses ayants droit, une part des bénéfices générés par les ventes successives de leurs œuvres, garantissant ainsi leur rémunération sur le long terme, bien au-delà de la première vente.
La France est la première à avoir créé le droit de suite en 1920. Ce droit n’existe pas dans tous les pays. Outre les États membres de l’Union européenne, une cinquantaine de pays dans le monde reconnaissent le droit de suite.
Pour plus d’informations sur le calcul du montant du droit de suite : Diffusion des Arts Graphiques et Plastiques (ADAGP)
La fiscalité sur les ventes d’oeuvres d’art en France
En France, lorsque le prix de vente d’une œuvre d’art dépasse 5 000 euros, les vendeurs résidents fiscaux peuvent être assujettis à un impôt sur la plus-value, en plus des frais vendeurs. Toutefois, des exonérations sont possibles : si vous êtes un vendeur professionnel ou si vous pouvez prouver que vous détenez l’œuvre depuis plus de 22 ans.
Si vous n’êtes pas éligible à une exonération, vous devez déclarer la plus-value réalisée sur la vente d’une œuvre d’art en remplissant le formulaire 2048-M-SD, puis le soumettre au service des impôts. Cette déclaration, accompagnée du paiement de l’impôt dû, doit être effectuée dans un délai d’un mois après la vente. Renseignez-vous sur la fiscalité des œuvres d’art dans votre pays.
La vente d’une œuvre d’art aux enchères implique donc une série de frais à prendre en compte, qui varient selon la maison de vente et les services proposés. Bien que ces frais puissent atteindre jusqu’à 30 % du prix marteau, il est possible de négocier leur montant, surtout pour des pièces de grande valeur. Ces frais vendeurs sont essentiels à considérer pour une vente aux enchères réussie et sans surprise.
Quels sont les frais pour un vendeur aux enchères ?
L’acheteur doit payer, en sus des enchères, une part proportionnelle au « prix marteau ». Ces frais, variables selon les maisons de ventes et le montant de l’adjudication, sont généralement compris entre 10 et 25 % hors taxes du prix d’adjudication. Les frais acheteurs sont indiqués dans les conditions de vente et annoncés publiquement avant la vente. Il est donc impératif d’avoir en tête, avant de lever la main, que ces montants s’ajoutent en cas de succès de votre enchère !
Si l’art est un investissement doublement gratifiant, qui enrichit vos murs tout en cultivant des perspectives financières passionnantes, réussir à transformer une acquisition en véritable plus-value demande de la vigilance. Comprendre les subtilités des prix du marché et anticiper les frais liés à la revente sont autant de clés pour optimiser vos retours. Les statistiques détaillées par artiste et la visualisation des facteurs qui influencent les prix sont là pour vous y aider (voir les abonnements Artprice). À vous de jouer pour faire de chaque achat/vente une opportunité !