Du Keith Haring pour tout le monde

19/04/2013 Par La rédaction
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Le musée d’art moderne de Paris ouvre sa grande rétrospective Keith Haring le 19 avril 2013 (jusqu’au 18 août). Sotheby’s profite de cette actualité pour organiser une vente de bienfaisance à Paris le 17 avril, afin de récolter les fonds nécessaires à la restauration d’une fresque murale réalisée par l’artiste à l’hôpital Necker-Enfants malades. Au mois d’avril, Keith HARING rayonne. L’occasion de faire un point sur la cote de cet artiste météore.

Silhouette frêle mais débordant d’énergie, Haring laisse derrière lui une œuvre foisonnante et hétérogène : travaux in situ, toiles, estampes, sculptures, quelques milliers de dessins… Ce formidable touche-à-tout ouvrit même son Pop Shop en 1986 dans le quartier de SoHo pour y vendre des produits dérivés : démocratiser l’art et le rendre populaire, tel était son crédo.

L’art dans la ville

Au début des années 1980 dans l’East Village (New York), Haring est rapidement conquis par la culture alternative qui s’exprime dans la rue. Dans le sillage de Jean-Michel BASQUIAT, il choisit un mode d’expression direct et sauvage au cœur du tissu urbain. Le métro devient son premier laboratoire. Il colle des papiers noirs sur les panneaux publicitaires et y dessine à la craie blanche son pictogramme le plus connu, le fameux bébé rayonnant (Radiant baby), qui devient sa signature. Soucieux de toucher le public le plus large possible, l’arstiste développe un graphisme codé et immédiatement reconnaissable. Synthétique, énergique et rythmé, le style Haring se nourrit de graffitis, de cartoons et de bandes dessinées. Il est rapidement devenu l’un des langages visuels les plus populaires du XXème siècle.

Entre 1980 et 1985, il réalise des milliers de dessins dans les rues et les métros new-yorkais. Une sorte d’urgence de la création l’anime déjà, son rythme est effréné et il réalise parfois plus de 40 dessins en une seule journée. Cette production d’une incroyable densité, ses nombreux voyages en Europe où il réalise des fresques in situ, diffusent très largement son œuvre. De fait, il y a aujourd’hui presque autant d’œuvres collectionnées en Europe qu’aux États-Unis (40 % des transactions sont réalisées aux États-Unis, 12,8 % en France, 12,6 % au Royaume-Uni, 10 % en Allemagne, 4,9 % en Belgique, 3 % au Japon, aux Pays-Bas et en Italie, etc.)

Une signature chérie par les collectionneurs

Sa cote a véritablement explosé à l’arrivée du nouveau millénaire. Entre 2005 et 2008 son indice des prix flambait de près de 100 % . A ce rythme, nombreuses furent les tentatives d’aller-retour en salles des ventes, dans l’espoir de plus-values alléchantes. Citons par exemple la revente de la toile Sneeze (Via Picasso) : acquise en mai 2000 pour 40 000 $ chez Christie’s NY, elle fut revendue l’équivalent de 274 000 $ en octobre 2005 (155 000 £ ou 229 000 €) chez Sotheby’s Londres. Ce n’est pas tout, le nouveau propriétaire lui fit traverser la Manche pour tenter de la vendre en mai 2007 à Paris. La S.V.V. Tajan l’annonçait alors dans une fourchette d’estimation de 320 000 – 400 000 €. La cote de Haring était certes en hausse de 22 % entre ces deux vacations, mais pas de 40 % comme le laissait entendre l’estimation chez Tajan. La toile a été ravalée malgré un climat propice à un bon résultat, puisque l’artiste enregistrait son adjudication record à New-York une semaine plus tôt, pour une œuvre sans titre de près de 4 mètres. Partie pour 2,5 m$ le 17 mai 2007 chez Christie’s, cette dernière doublait alors son estimation haute. À ce jour, cette vente est encore son record d’enchère.

Les sommets atteints par ses larges formats ne doivent pas laisser penser que Keith Haring aurait échoué dans sa mission première, à savoir démocratiser l’art, le rendre accessible à toutes les classes sociales. Bien au contraire, son œuvre s’est démultipliée, diffusée sur tous types de supports, et a fait l’objet de produits dérivés. La gamme des prix est donc particulièrement large : de quelques dizaines d’euros pour des multiples post-mortem à plusieurs centaines de milliers d’euros pour les plus belles œuvres des années 1980. Aujourd’hui, près de 55 % des lots proposés en salles de ventes sont accessibles pour moins de 5 000 $ et parmi ces œuvres abordables, l’amateur peut dénicher des œuvres originales (petits dessins au feutre ou à l’encre) entre 500 $ et 5 000 $.

 

Prenons par exemple un dessin au feutre Pants Man de 1988, présenté le 3 avril 2013 chez Christophe Joron-Derem à Paris : celui-ci était adjugé 2 500 €, l’équivalent de 3 200 $.

Tout l’avantage d’une œuvre aussi dense et populaire d’un grand artiste comme Keith Haring réside là : tous les amateurs d’art, quelque soit leur budget d’acquisition, peuvent envisager de s’offrir l’une des signatures les plus marquantes de l’art du XXème siècle.

Communiqué du 16 avril 2013