L'art abordable : guide des enchères à moins de 10 000$

21/10/2024 Par Artprice
8 min de lecture

Loin des records intimidants, le marché de l’art développe en réalité des gammes de prix abordables. Saviez-vous que 91%% des œuvres d’art se sont vendues à moins de 10 000$ au premier semestre 2024 ?

 

Parmi les centaines de milliers d’œuvres adjugées chaque année, celles à moins de 10 000 $ prennent une place grandissante, avec un volume qui a presque doublé en dix ans. Cette manne regorge de trésors, notamment d’œuvres uniques d’artistes reconnus, anciens comme contemporains.

 

Pour vous offrir un éclairage sur ce marché dynamique, ses évolutions, ses opportunités d’acquisition et ses artistes phares, nous lançons une série mensuelle dédiée. Dans ce premier épisode : plongez dans l’essor du marché de l’art à moins de 10 000 $,

Découvrez comment la crise sanitaire l’a transformé,

Quels types d’œuvres sont accessibles à moins de 10 k$,

Et quelles maisons de ventes sont à suivre pour trouver une grande variété de choix ?

 

Le marché de l’art à moins de 10 000 $ est en plein essor

2023 fut une année record quant au nombre d’œuvres vendues à travers le monde : 725 000, soit une hausse de +13% en deux ans. Or cette année 2024 s’annonce encore plus prometteuse, avec déjà 377 000 œuvres ayant changé de mains rien que durant le premier semestre.

Parmi ces ventes semestrielles, une immense majorité, 91%, concernent des œuvres à moins de 10 000 $. Cette part de marché ne cesse de progresser : il y a deux ans, 89% des lots étaient vendus sous ce seuil de prix. Ces petits 2% de croissance en deux ans cachent 30 000 oeuvres supplémentaires ayant trouvé amateurs en salles des ventes.

Chaque année, l’offre s’étoffe un peu plus sur ce segment de prix. Et dans ce vaste champ de propositions, un budget, déjà conséquent, de 10 000$, donne accès à toute forme de création, depuis la classique œuvre sur toile jusqu’au NFT, en passant par la sculpture et les œuvres multimédia.

La catégorie reine est la peinture. On en compte plus de 136 000 sur le premier semestre. Plus du tiers des achats à moins de 10 000$ concernent ainsi des toiles peintes, c’est-à-dire des œuvres uniques, originales, mais encore de toutes époques, depuis la spectaculaire Descente de Croix du 16e siècle par l’artiste espagnol Antonio VAZQUEZ (c.1485-c.1563), aux rêveries d’enfance de la jeune artiste Phillippine Ayka Go (née en 1993).

Antonio VAZQUEZ (c.1485-c.1563), Descendimiento de Cristo
Huile/panneau, 62 x 50,5 cm.
Ansorena (Madrid), 25/06/2024 : 5 877$

 

Les peintures abordables à -10k$ sont bien plus nombreuses que les estampes (25% des ventes dans cette gamme de prix) dont on pourrait croire qu’elles inondent plus le marché dans les gammes de prix abordables. Pourtant, les peintures (36% des ventes) et les dessins (20% des ventes) représentent ensemble plus de la moitié de ce marché à moins de 10k$. Un tel budget ouvre ainsi la voie vers plus de 200 000 œuvres uniques chaque année.

 

À la faveur des enchères en ligne, les œuvres abordables séduisent un public plus large

La crise sanitaire a marqué un tournant pour la vente d’œuvres à moins de 10 000 $. Au S1 2024, on dénombre 110 000 ventes supplémentaires comparé au même moment en 2019, soit une progression significative de +46% entre l’avant et l’après crise sanitaire. Entre-temps,  Le monde de l’art a été forcé de s’adapter aux contraintes d’une vie en distanciel : l’arrêt temporaire des enchères physiques en 2020, à cause des confinements, a accéléré le processus de digitalisation des maisons de ventes.

Les ventes étaient alors organisées soit entièrement en Live, c’est-à-dire à huis clos avec un commissaire-priseur, retransmises en vidéo, ou Online, complètement dématérialisées. Ce virage décisif, qui a nourri les habitudes d’enchères à distance, a eu pour effet d’augmenter à la fois l’offre et la demande à l’échelle mondiale après la crise.

La multiplication des ventes en ligne, comme des enchères à distance sur les ventes physiques, attire de nouveaux acheteurs en levant les contraintes géographiques. Ces ventes en ligne introduisent aussi une temporalité plus confortable pour les enchérisseurs, en leur donnant plusieurs jours pour réfléchir et placer leurs enchères, contre l’immédiateté d’une vente physique. Un avantage qui séduit particulièrement les primo-accédants désireux de prendre leur temps avant de franchir le pas.

Cette fluidification numérique du marché profite pleinement aux œuvres abordables, dont le nombre de ventes a explosé depuis la période pré-pandémique. Parmi les 343 000 œuvres vendues à moins de 10 000 $ au S1 2024, 61% sont à moins de 1 000 $, avec un complément de 30% pour celles comprises entre 1 000 et 10 000 $.

Évolution mondiale des ventes d’oeuvres aux enchères par gamme de prix


Évolution mondiale des ventes d’oeuvres aux enchères par gamme de prix

 

Quelques maisons de ventes à suivre pour acheter des œuvres avec moins de 10k$?

Paris, New York, Londres, Tokyo, Berlin, Vienne, Bruxelles… Les grandes capitales de l’art regorgent d’œuvres accessibles. Cependant, c’est à Paris que l’offre est la plus abondante et diversifiée pour ce segment de prix.

Paris : le coeur battant du marché

La France bénéficie d’un maillage territorial dense, constitué de 184 maisons de ventes actives sur le marché Fine Art (S1 2024), et dépend peu des œuvres multimillionnaires, contrairement aux marchés américains et britanniques.

Elle est surtout un véritable vivier d’œuvres d’art, à la fois pour les Maîtres et Petits Maîtres anciens et pour les Modernes. Le pays a en effet attiré nombre d’artistes majeurs et prolifiques – comme Pablo Picasso, Salvador Dalí ou Joan Miró du côté des grands Modernes – créant un patrimoine artistique exceptionnel. De plus, l’esprit de collection, profondément ancré en France, a permis de constituer des ensembles d’œuvres riches et variés au fil des décennies.

Si Paris rassemble la plus belle offre du pays, elle est surtout la première place de marché mondiale pour les œuvres à moins de 10 000 $. Rien qu’au cours des six premiers mois de 2024, plus de 30 000 œuvres ont été vendues sous ce seuil dans la capitale française, trois fois plus qu’à New York, autant qu’à Londres-Berlin-Tokyo-Bruxelles réunies !

Répartition géographique des ventes inférieures à 10 000$ au S1 2024

Répartition géographique des ventes inférieures à 10 000$ au S1 2024

 

Millon et Ader : acteurs incontournables en France

Parmi les maisons de ventes les plus dynamiques en France, Millon est la maison leader sur ce segment, avec plus de 4 200 lots vendus à moins de 10 000 $ au premier semestre 2024. Ader se distingue comme la deuxième maison de ventes française sur ce segment, avec plus de 3 000 lots vendus sur la même période. Rossini est troisième avec 2 300 ventes sur une offre pléthorique de 4 600 lots. Artcurial suit avec près de 1 700 lots vendus.

Sur le seul mois de septembre 2024, Millon et Ader ont encore multiplié les opportunités d’acquisitions : Millon, notamment, a dispersé plus de 700 lots à moins de 10 000 $ le mois dernier.

Parmi les œuvres vendues courant septembre, une enveloppe de -10k$ donnait accès à des dessins, voire des toiles originales, d’artistes tels que Yves Brayer, Louis Léopold Boilly, Rosa Bonheur et Jean Bertholle. S’y ajoutent des abstractions de Georges Mathieu, André Lanskoy et Maurice ESTEVE, mais aussi des dessins de grands Maîtres anciens italiens, comme Tiepolo ou Le Guerchin.

Maurice ESTEVE (1904-2001), Composition
Technique mixte/papier, 31 x 27 cm
Millon, Paris, 30/09/2024 : 5 800 $ (prix marteau)

 

Les maisons de ventes internationales à suivre

À l’échelle mondiale, l’autrichienne Dorotheum se classe comme la première maison de ventes pour les œuvres à moins de 10 000 $, avec près de 9 000 lots adjugés au premier semestre 2024. Parmi ses ventes notables figurent des gravures de maîtres comme Albrecht Dürer et Rembrandt van Rijn, ainsi que des œuvres abordables d’actionnistes viennois tels que Hermann Nitsch et Arnulf RAINER.

Parmi les autres acteurs majeurs, on retrouve la société australienne Lawsons, l’italienne Studio d’Arte Borromeo, ainsi que Bonhams, qui s’est renforcée grâce à ses récentes acquisitions de maisons de ventes aux États-Unis et en Europe. Bonhams a nettement élargi ses activités sur le segment des œuvres abordables pour répondre à la demande croissante sur le marché intermédiaire. Cette maison britannique affiche le meilleur chiffre d’affaires dans la catégorie des œuvres à moins de 10 000 $. Avec 12,8 millions de dollars générés au premier semestre 2024 pour 4 400 œuvres vendues, Bonhams est la première maison de ventes mondiale dans cette gamme de prix.

Arnulf RAINER (1929), Untitled, from the “Grimassenserie”, Nr. 11 (1970)
Tirage argentique d’époque. Ed. 10 / X, 103,5 x 84 cm
Du 10/05/2024 au 24/05/2024 (en ligne uniquement), Dorotheum (Autriche) : 5 640$

 

Le marché de l’art à moins de 10 000 $ n’a jamais été aussi dynamique. La croissance spectaculaire des ventes, dopée par l’essor des enchères en ligne, montre à quel point l’art peut désormais faire partie du quotidien de nombreux collectionneurs, sans impliquer des sommes colossales. Cette fluidification du marché offre une chance inédite de collectionner des pièces rares, de périodes et d’horizons variés, tout en respectant un budget raisonnable.

Un budget, déjà confortable, de moins de 10 000$ permet de prendre position sur la grande majorité de l’offre mondiale et de s’approprier bien des trésors. Cette année, les 91% d’œuvres vendues sous ce seuil au cours du premier semestre prouvent que le marché des enchères est plus ouvert et démocratisé que jamais.

Ce premier épisode n’est qu’un avant-goût des œuvres qu’il est possible d’acquérir aujourd’hui avec moins de 10 000 $ en poche. Découvrez prochainement quels artistes sont les plus achetés dans cette gamme de prix et quel est le potentiel financier des œuvres (bien) achetées à moins de 10 000$.

Communiqué d'Artprice