Après des résultats en retrait depuis le début de l’année, les ventes new-yorkaises d’art moderne et contemporain de mai ont rassurés vendeurs et collectionneurs : Christie’s, Sotheby’s et Phillips ont vendu collectivement pour 1,3 milliard de dollars d’œuvres d’art.

 

Le marché est certes plus sélectif depuis un an et demi, mais le climat d’ouverture des ventes de New York à la mi-mai était plutôt optimiste après de bons résultats à Londres et à Paris. La saison des ventes de prestige de New York a finalement validé la santé globale du marché de l’art, grâce à plusieurs résultats exceptionnels.

 

Christie’s domine avec un total de 640m$

 

640m$ pour les ventes d’art du 20e et 21e siècles (14-18 mai) : 86% des lots vendus, avec 89% des lots vendus conformément ou au-dessus des attentes.

 

Malgré une cyberattaque perturbant son site internet juste avant l’ouverture de ses grandes sessions new-yorkaises, Christie’s a totalisé 640 millions de dollars pour les ventes d’art du 20e et 21e siècles. Parmi ces ventes, 413,3 millions ont été réalisés lors de la prestigieuse vente d’art du 20e siècle, un résultat conforme aux attentes et nettement supérieur à celui de l’année dernière (328,7 millions de dollars).

 

Les sessions consacrées à l’art contemporain ont rapporté 114,6 millions de dollars, notamment grâce à des chefs-d’œuvre de la collection de Rosa de la Cruz. Tous les lots de cette collection ont été vendus pour un total de 34,36 millions de dollars. Le point culminant a été Light String de Felix GONZALEZ-TORRES, vendu 13,6 millions de dollars au Pola Museum of Art de Hakone (Japon), établissant un nouveau record pour l’artiste cubano-américain. Ana MENDIETA a également battu son record personnel à deux reprises, atteignant un sommet de 567 000 dollars.

 

Cette semaine a été également marquée par des œuvres issues de la collection Norman Lear, producteur et acteur américain décédé en 2023. Le Summum de cette collection Lear, A Lawn Being Sprinkled (1967) de David Hockney, a atteint 28,5m$. Norman Lear, possédait également une puissante peinture de Ed Ruscha, Truth (1973), qui a bien performé. À 14,7m$, la toile double allègrement son estimation basse.

 

Autres incontournables, l’imposant Flowers (1964) d’Andy WARHOL a rapporté le plus beau coup de marteau de la journée, à 35,5m$, bien au-dessus de son estimation haute de 30 millions de dollars, tandis que The Italian Version of Popeye has no Pork in his Diet (1982) de Jean-Michel BASQUIAT, est parti pour 32m$. Basquiat a aussi dominé les ventes chez Phillips avec Untitled (ELMAR), vendue 46,5m$.

 

Christie’s a aussi mis en lumière la cote puissante de Georgia O’Keeffe, avec la vente de sa superbe peinture à l’huile Red Poppy (1928) pour 16,5 millions de dollars à un enchérisseur anonyme. La dernière fois que ce tableau est passé aux enchères en mai 1990, il avait été vendu pour 1,1 million de dollars seulement.

Claude Monet, Meules à Giverny, 34,8m$. Sotheby’s

 

Sotheby’s : total de 633,4m$ en toute sécurité dans les estimations

 

633,4m$ pour les ventes d’art moderne, du 20e et  du 21e siècles (13-16 mai) dont près de 35 millions pour une toile de Claude Monet.

 

Une demi-douzaine d’œuvres de Picasso, plusieurs de Magritte, des surréalistes incontournables, un Monet Rare… Parmi les 50 lots proposés à sa vente d’art moderne, Sotheby’s en a ravalé seulement deux (sans compter deux lots retirés dont les estimations promettaient entre 3,5 et 5,5 millions de dollars en tout), pour un taux de ventes musclé de 96%. Environ les deux tiers des lots étaient soutenus par des garanties financières de Sotheby’s, de tiers ou d’une combinaison des deux.

 

La vente d’art moderne de Sotheby’s le 15 mai, portée par les Meules à Giverny de Claude MONET (34,8 millions de dollars) et Les Distractions de Dagobert (28,48 millions de dollars) de Leonora CARRINGTON, a totalisé 198,1 millions de dollars, un résultat inférieur à celui de la vente équivalente de mai 2023, où les enchères avaient généré 303,1 m$ pour 40 lots vendus dont, rappelons-le, Insel im Attersee de Gustav Klimt vendu 53,2m$.

 

Parmi les résultats notables, l’immense Blue Moon mobile (1962) d’Alexander Calder, a dépassé l’estimation à 14,4 millions de dollars avec frais, tandis qu’une abstraction sans titre de Mark Rothko a remporté 11,3m$ contre un prix de  820 000 £ obtenu pour la dernière fois chez Christie’s à Londres il y a vingt ans.

 

Le Banquet (vers 1955-57) de René MAGRITTE s’est vendu pour 18,1 millions de dollars, contre 12 millions de dollars en 2017 chez Sotheby’s New York. En art contemporain, le clou de la vente était un portrait de George Dyer par Francis BACON, vendu pour 27,7 millions de dollars, en deçà de son estimation basse.

 

L’une des plus belles surprises de ces ventes de mai a été le nouveau record personnel de Leonora Carrington dont les Distractions de Dagobert (1945), composition hallucinante convoquant Jérôme Bosch, est partie pour 28,5m$, soit plus du double de son estimation basse. L’heureux acquéreur, qui n’est autre qu’Eduardo F. Constantini, fondateur du Musée d’Art latino-américain de Buenos Aires (Malba), confirme le soutien ferme du marché actuel pour les artistes femmes.