Les dix plus belles enchères réalisées ces huit derniers mois par des artistes anglais

A la première marche de ce classement, la vente record de The Lock, chef-d’œuvre de John Constable, en juillet 2012 aura beaucoup fait parler d’elle. D’une part car elle est devenue de loin le nouveau record de l’artiste grâce aux 31,36 m$ récoltés, d’autre part car la décision de sa propriétaire (la baronne Carmen Thyssen-Bornemisza) a fait frémir les plus grands conservateurs et adorateurs de l’artiste. Car jusqu’alors exposée au Thyssen-Bornemisza Museum de Madrid, l’œuvre est désormais entre les mains d’un privé. Cette scène rurale, une des six peintures de la série Stour, avait été acquise en 1990 lors d’une vacation chez Sotheby’s Londres (le 14 novembre) en atteignant déjà la somme record de 19,1 m$.

Dominant largement le classement avec six sculptures présentent, l’œuvre atemporelle d’Henri Moore, une des plus originales de son temps, a été largement célébrée par le marché en 2012 . La somme des prix au marteau de ces six sculptures élève déjà le produit de ventes d’Henri Moore à plus de 50 m$. Les plus belles adjudications, réservées à ses sculptures (92% du chiffre d’affaires de l’artiste sur les 15 dernières années), donnent le vertige : depuis son entrée en salles en 1986, l’artiste a enregistré plus de 70 résultats millionnaires ! Provoquant une véritable guerre des surenchères lors de sa mise en vente chez Christie’s le 7 février 2012, Reclining Figure : Festival, un magnifique bronze d’une extraordinaire sensualité est devenu l’enchère record de l’artiste avec plus de 26,84 m$, soit plus de trois fois son estimation haute. Ce résultat devance largement sa plus belle enchère de 2004 pour Three-piece reclining Figure: draped, adjugée par Sotheby’s New York pour 7,5 m$. Le thème des Reclining Figure (figure allongées, série engagée dans les années 1930) est le plus courant chez Moore : il l’a revisité plus d’une centaine de fois tout au long de sa carrière. Œuvre emblématique de cette série, Reclining Figure : Festival est considérée comme sa première sculpture où la forme et l’espace ne font qu’un, dépendent l’un de l’autre.

A l’origine de deux résultats présents dans ce classement, le vente du soir d’art contemporain réalisée par Sotheby’s le 26 juin 2012 a permis à l’artiste Glenn Brown de décrocher sa plus belle enchère et à David Hockney de se réconcilier avec ses résultats records. Ainsi l’huile sur toile The Tragic Conversion of Salvador Dali (After John Martin) de Glenn Brown a presque doublé son estimation haute en trouvant preneur au-delà de 7,16 m$. Cette réinterprétation apocalyptique de l’œuvre Great Day of His Wrath de a détrôné de plus de 5 m$ son ancien record Dali-Christ adjugé près de 1,9 m$ le 30 juin 2010 chez Christie 's Londres. La Swimming Pool de David Hockney a, quant à elle, prouvé l’intérêt des collectionneurs pour les pièces phares de l’artiste. Le propriétaire de l’oeuvre, déjà passée en vente chez Sotheby’s Londres, le 12 octobre 2007, l’avait acquise pour 2,1 m$ avant de la céder cinq ans plus tard pour plus de 1,2 m$ supplémentaires !

Grâce à la vente du sublime portrait, The Salutation of Beatrice, le peintre préraphaélite Dante Gabriel Rossetti se rapproche de son record signé à plus de 3,58 m$ en 2000 pour le chef-d’œuvre Pandora, un grand pastel de 94 x 66 cm, cédé le 14 juin 2000 chez Christie’s Londres. Adjugé près de 2,96 m$ et provenant d’une collection particulière écossaise, ce portrait était jusqu’alors méconnu des experts de l’artiste. Peint en 1869, il représente la muse et l’amour interdit de l’artiste, Jane Morris, qui était la femme de son collaborateur, l’artiste designer Williman Morris. Le titre de l’œuvre associe Jane Morris à la Béatrice de Dante, soit l’incarnation de l’amour béatifique. Avec 161 résultats de ventes enregistrés depuis ses débuts en salles en 1986, le marché de Dante Gabriel Rossetti est peu prolifique et couvre essentiellement des dessins et aquarelles (au total 144 sont passés à l’encan). Les huiles sur toile sont rares (15 au total), tout comme ses pièces maîtresses, néanmoins lorsqu’elles font surface les amateurs sont au rendez-vous. Même s’il semble connaître un regain d’intérêt depuis quelques années, le préraphaélisme (également représenté par Edward Coley BURNE-JONES, John Everett MILLAIS…) réserve un marché, comparativement aux mouvements modernes, encore approchable.

Malgré la récente domination de la Chine sur la place de marché internationale, le Royaume-Uni grâce à sa capitale, Londres, demeure depuis le XVIIIème siècle une place incontournable du marché de l’art avec laquelle nombre d’artistes doivent composer pour assoir leur côté à l’internationale. Berceau d’une création novatrice et talentueuse, le Royaume-Uni sait soutenir ses artistes : pour preuve, 90 % des œuvres de ce classement se sont échangées à Londres.