Marché de l’art français : fin de l’effet rebond post-covid

06/06/2023 Par Artprice
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Le marché de l’art français serait-il en perte de vitesse ? C’est la question que nous pouvons nous poser en regard des produits de ventes en fort déclin sur cette première partie de l’année, comparé aux résultats obtenus l’année dernière sur la même période.

 

Il est vrai que l’an dernier, le marché de l’art français s’est trouvé fortement animé par une poignée d’œuvres exceptionnelles qui manquent à l’appel en 2023. Les enchères avaient en effet grimper par trois fois au-dessus du seuil des 10 millions de dollars entre mars et mai 2022 pour trois chefs-d’oeuvre mémorables :

Aucune œuvre de ce prestige ou de cet ordre de valeur n’est venu égayer le marché français depuis le début de l’année. La plus belle adjudication de 2023 n’atteint pas même, pour l’heure, les 5 millions de dollars lorsqu’elle flirtait avec les 27 millions l’an dernier. Certes, le marché hexagonal attend avec impatience la dispersion de la collection d’Alain Delon (un ensemble estimé autour de 5 millions) et un superbe portrait de la servante de Modigliani chez Giquello (La Bourguignonne, 1918), attendu autour de 7 millions de dollars ce 6 juin. Néanmoins, ces beaux lots à venir ne suffiront pas à combler le fossé avec les résultats de l’an dernier.

 

Podium adjudications pour des oeuvres d’art vendues en France entre le 1er janvier et le 31 mai 2023 : 

Des chiffres en forte baisse pour les grandes maisons de ventes (du 1er janvier au 15 mai 2022 vs 2023)

Le rythme des transactions varie d’une maison de ventes à l’autre, entre les premiers mois de l’année 2022 et 2023 : le nombre d’oeuvres d’art vendues chez Sotheby’s France se maintient tandis que celui de Christie’s France fléchi de -44%, celui d’Aguttes de -48%. Millon & associés est la seule société à augmenter significativement son rythme de ventes, avec une progression de +30% de lots adjugés entre le 1er janvier et le 15 mai 2023 vs la même période en 2022.

 

Mais les plus importantes maisons de ventes se retrouvent sur un effet de baisse, important, de leurs résultats : jusqu’à -69% pour Artcurial, première sociétés de ventes française, tandis que la britannique Christie’s qui est contrôlée par la holding Artémis du collectionneur François Pinault perd prêt de -39% et que sa plus grande concurrente, l’américaine Sotheby’s menée par Patrick Drahi, PDG du groupe Altice, l’un des principaux acteurs français dans les télécoms et les médias, affiche un résultat en baisse de -40,9% pour ses ventes d’oeuvres d’art en France au cours des quatre premiers mois et demi de l’année, comparé à l’exercice précédent.

Ces contre-performances nous ramènent avant la frénésie de 2021, où tous les résultats s’avéraient très favorables aux maisons de ventes après de longues restrictions liées aux confinements précédents. 

 

Art Market Confidence Index d’artprice :opinion sur la situation financière actuelle 

 

L’effet rebond post-covid semble déjà loin derrière, balayé par un contexte économique incertain (guerre, inflation, indicateurs à la baisse et repli des ventes dans l’immobilier…) qui aurait tendance à contenir, plus que d’ordinaire, les velléités d’achats ? Si l’AMCI (indice de confiance des acteurs du marché de l’art d’Artprice) illustre clairement l’inquiétude grandissante des votants sur la situation financière depuis un an, les intentions d’achats d’oeuvres d’art s maintiennent : le désir de collection est toujours là, dans ces périodes troublées.

 

 

Résultats des SVV en France pour la vente d’oeuvres d’art aux enchères, du 1er janvier au 15 mai 2022 vs 2023

Communiqué d'Artprice