Alors que galeries, maisons de ventes et art advisors auscultent les causes du ralentissement du Marché de l’Art mondial, le 31ᵉ Rapport Artprice by Artmarket en livre une radiographie précise. Il en mesure l’ampleur, en éclaire les ressorts et met en lumière les signaux porteurs : l’ascension des artistes femmes, l’émergence de nouvelles scènes, l’irruption de l’IA. Plus qu’un simple état des lieux, ce rapport trace déjà les lignes de force du marché de demain.
“Nous vivons une époque passionnante (…) L’IA révolutionne le monde en mobilisant des volumes vertigineux de données, plaçant une nouvelle fois Artprice au cœur du monde de l’art. Car le sauccès de cette révolution dépend avant tout de la qualité des sources d’information.
Or, nous construisons depuis près de trente ans les bases de données les plus complètes et les plus fiables du Marché de l’Art. L’impartialité — si précieuse dans notre monde en mutation — est la même qui nous garantit, depuis trois décennies, la production de rapports exclusifs en toute transparence et indépendance. ” thierry Ehrmann, Président d’Artmarket.com et Fondateur d’Artprice
Un quart du produit mondial de l’Art Contemporain s’est évaporé en l’espace d’un an. En cause ? Le manque de souffle du segment de prestige. Les ventes à six chiffres et plus reculent nettement : à Hong Kong, l’une des capitales mondiales des grandes enchères, le produit des ventes chute de moitié par rapport à la moyenne des dix dernières années. Qu’en est-il pour Londres ou New York ?
En parallèle, le marché des enchères n’a jamais été aussi dynamique en termes de volume d’œuvres échangées : pour la cinquième année consécutive, le nombre de transactions établit un nouveau record. Dans ce paysage en pleine mutation, Paris s’impose comme la capitale la plus active, devant Londres et New York.
Comment expliquer une telle vitalité ? La multiplication des lots à quelques centaines de dollars, le renouvellement générationnel, la digitalisation des ventes… Elle est portée par les modes d’achat d’une génération d’amateurs et collectionneurs connectés et guidés par des acquisitions-plaisir. Une génération ayant aussi conscience des investissements possibles par les achats d’œuvres d’art. Habituée à lire des données financières et à acheter en cryptomonnaie, cette clientèle jeune et connectée impose aux professionnels de l’art d’adapter leurs stratégies et leurs offres avec agilité. L’Art Contemporain reflète cette transformation, ouvrant la voie à un écosystème plus inclusif, plus fluide et plus diversifié.
Nouvelles scènes et nouveaux visages de l’art
En l’espace de 12 mois, des dizaines de milliers d’artistes contemporains ont été proposés aux enchères, ouvrant un champ des possibles inédit et offrant des découvertes permanentes : un sur cinq faisait ses débuts sur le marché, souvent avant ses 40 ans.
Au cœur de cette diversité, les choix des enchérisseurs dessinent les contours des tendances émergentes. La scène japonaise s’impose bien au-delà de Takashi MURAKAMI (1962) et Yoshitomo NARA (1959), tandis que les artistes femmes franchissent des caps décisifs, battant des records et bousculant une hiérarchie longtemps figée.
Parallèlement, l’IA fait une entrée remarquée — et controversée — aux enchères. Ces créations posent une question centrale : comment les collectionneurs accueilleront-ils ces œuvres capables de transformer à la fois les pratiques du marché et la culture contemporaine ?