Très tôt comparé à Francis Bacon. Adrian Ghenie électrise le monde de l’art depuis 10 ans. Désormais auréolé d’un record à plus de 10 millions de dollars, il fait partie des 100 artistes les plus performants du monde des enchères et s’impose comme l’un des peintres les plus recherchés de notre époque.
Diplômé de l’Université d’art et de Design de Cluj-Napoca (nord-ouest de la Roumanie) en 2001, Adrian Ghenie est un puissant peintre figuratif, préférant le couteau à palette au pinceau. Ses sujets de prédilection lorgnent du côté des personnages marquants des XIXème et XXème siècles. Ainsi, Charles Darwin et Lenin, Vincent Van Gogh et Marcel Duchamp, se retrouvent portraiturés sans concessions dans ses œuvres. Sa peinture expressionniste plonge du côté de la matière, vivante, écorchée, celle peinte avant lui par Lucian Freud, ou par Francis Bacon à qui il a souvent été comparé et même confronté lors d’une exposition à la Fondation du Palazzo Strozzi à Florence (2012).
Portrait d’Adrian Ghenie par Oliver Mark, Berlin 2014, Collection Bucovina Museum
La fulgurante ascension d’Adrian GHENIE (1977) commence en 2011, au moment où il rejoint la prestigieuse Pace Gallery dans le cadre d’une exposition collective. Porté par l’une des galeries les plus respectées du monde, il est introduit la même année aux enchères, chez Phillips de Pury & Company à New York. Les jeux peuvent alors commencer… Sa peinture puissante électrise d’emblée les collectionneurs aisés, portant la petite toile Swimming Pool (moins de 50 cm), au double de son estimation, à 22 500$. Si le label de la Pace Gallery n’est pas étranger à ce premier succès, précisons que le nom d’Adrian Ghenie circulait déjà dans les cercles d’initiés depuis 2006, année d’une exposition au sein de la galerie Haunch of Venison à Zurich. Cette introduction dans la programmation de Haunch of Venison fut capitale car cette galerie est devenue une filiale de la plus puissante maison de ventes aux enchères, à savoir Christie’s, en 2007. En 2011, Haunch of Venison-Christie’s ouvre son deuxième espace à Londres et consacre une exposition monographique au jeune « Ghenie ». Dès lors, les expositions s’enchaînent… Dans les mois qui suivent, on croise tour à tour ses œuvres au Musée d’Art contemporain de Denver, au Palazzo Strozzi à Florence et à la Kunsthalle Mucsarnok de Budapest. Le pedigree s’étoffe. L’artiste est « mûr » pour passer de nouveaux paliers de prix en salles de ventes.
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Une cote flamboyante, portée par les grandes galeries et les maisons de ventes
Le décor est planté. Une nouvelle star du marché est prête à éclore. Nous sommes en 2013 et la Pace Gallery va considérablement accélérer les choses en lui consacrant une première exposition solo à New York, accompagnée d’un catalogue (Adrian Ghenie: New Paintings, du 8 mars au 4 mai 2013). A la suite de cette exposition, les prix s’envolent en salles, avec un portrait revisité d’Elvis Presley vendu plus de 330 000$ en juin 2013, chez Sotheby’s à Londres. L’année suivante, le cap du million est passé pour la première fois… sa première œuvre millionnaire s’intitule The Fake Rothko. Elle part pour 2,4 m$ le 30 juin 2014 chez Sotheby’s à Londres, contre une estimation haute de 596 000$. Cette envolée spectaculaire ajoute à sa célébrité et l’agitation des enchères l’impose en nouveau « prophète » de la peinture contemporaine.
Puis, deux nouvelles consécrations marquent l’année 2015 : tout d’abord avec son entrée au sein de la galerie Thaddaeus Ropac, qui lui consacre une exposition parisienne fin octobre en parallèle de la Fiac et, surtout, avec l’immense succès emporté par son oeuvre réalisée pour le pavillon roumain de la 56e Biennale de Venise. Ghenie y représente son pays natal avec Darwin’s room, une plongée dans la peinture, l’histoire et l’histoire de l’art. Cette participation très remarquée à la Biennale le propulse véritablement sur le devant de la scène contemporaine, et ses ventes explosent au cours des mois qui suivent, jusqu’au record de 4,5m$ emporté en février 2016 pour une œuvre rendant hommage à Van Gogh (Self-Portrait As Vincent Van Gogh).
Trois mois plus tard, nouvelle vente Sotheby’s avec un autoportrait de Ghenie en Vincent Van Gogh, attendue autour de 200 000$. Cet autoportrait, exposé en 2013 à la galerie Pace puis à la Biennale de Venise en 2015, s’est arraché pour 2,59 m$, soit au décuple de l’estimation initiale.
Evolution du produit des ventes d’Adrian Ghenie
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Octobre 2016 : nouveau coup d’éclat avec la grande toile Nickelodeon (2008) estimée moins de 2 millions et vendue plus de 9 ! A l’issue de l’année 2016, le produit de ventes aux enchères de Ghenie atteint les 27 millions de dollars. L’artiste passe alors subitement de la 550ème à la 60ème place des artistes les plus performants aux enchères ! S’ensuit une période de ralentissement, puis une puissance reprise en 2021, jusqu’à ce record établi à 10,3m$ par Christie’s fin mai 2022 pour la toile Pie Fight Interior 12 (2014).
Cette vente spectaculaire eut lieu à Hong Kong, pendant l’exposition “Flesh and Soul : Bacon/Ghenie » organisée elle-aussi par Christie’s. La maison de ventes n’a pas tari d’éloges pour ce “génie” de la peinture, poussant la comparaison bien au-delà de Francis Bacon, jusqu’à “la prolifique peinture d’histoire de Rembrandt, les toiles dramatiques de la Renaissance du Tintoret (…), sans omettre ”la technique de grattage de Gerhard Richter et la vigueur gestuelle de Willem de Kooning”. À l’issue de nouveau record mondial, Christie’s affichait aussi sa satisfaction “d’offrir cette peinture monumentale à Hong Kong et de continuer à cimenter cette ville comme l’un des principaux sites de vente de chefs-d’œuvre contemporains”.
Répartition géographique du produit de ventes aux enchères d’Adrian Ghenie (2000-2022)
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