Art : chiffres clés et meilleures adjudications du premier trimestre 2024

22/04/2024 Par Artprice
5 min de lecture

L’année 2024 a débuté de manière inhabituellement calme. Aux enchères, le premier trimestre révèle un marché haut de gamme fonctionnant au ralenti, de façon plus nette encore que la fin de l’année dernière. Cette tendance avait en effet déjà été mise en évidence et expliquée par Artprice dans son dernier Rapport Annuel du Marché de l’Art. En ce début de printemps, l’heure est venue de tirer le premier bilan général de la santé du Marché de l’Art à travers quatre chiffres clés et le top 10 des adjudications.

 

1,3 Mrd$ – Le produit des ventes aux enchères de Fine Art pour le T1 2024 dans le monde. Cette performance fait face à une baisse de -36 % par rapport au T1 2023.

 

162 000 – Le nombre de lots vendus pendant les trois premiers mois de l’année 2024, soit une baisse de seulement-1 % par rapport au nombre de transactions enregistrées au cours de l’exercice précédent.

 

-79 % – La contraction en France du produit des ventes aux enchères de Fine Art : 17 m$ au T1 2024 contre 82 m$ au T1 2023.

 

142 – Le nombre d’adjudications millionnaires (en dollars, frais inclus) comptées par Artprice en ce début d’année dans le monde entier, contre 261 pour le T1 2023.

 

Les meilleures adjudications du T1

Faute d’œuvres d’anciennes suffisamment exaltantes pour conquérir de nouveaux sommets au mois de janvier, les 10 meilleures adjudications du premier trimestre ont toutes été remportées à Londres au mois de mars. Christie’s en détient six et Sotheby’s quatre, pour les artistes emblématiques de l’art moderne, d’après guerre et contemporain, à l’exception d’une signature plus rare dans ce type de classement.

La session Christie’s du 7 mars a signé les quatre meilleures coups de marteau de ce début d’année, via la vente de L’Ami Intime de René Magritte, du Paysage près de Malabata, Tanger (1963) de Francis BACON (25,1m$) dont le résultat a été suivi de près par California, l’un des premiers tableaux de David Hockney préparant le terrain pour ses œuvres les plus renommées. La vente du 6 mars de Sotheby’s retient les quatre meilleures adjudications suivantes avec Picasso, Monet, Signac et Bacon.

 

Sept artistes tiennent les 10 meilleures adjudications du T1 2024:

 

René MAGRITTE (1898-1967)

Francis BACON (1909-1992)

David HOCKNEY (1937)

Claude MONET (1840-1926)

Pablo PICASSO (1881-1973)

Paul SIGNAC (1863-1935)

Laurence Stephen LOWRY (1887-1976)

 

Laurence Stephen LOWRY : 10/10

Bien que moins médiatisé que les icônes incontournables que sont Monet ou Picasso, l’artiste Laurence Stephen Lowry s’affirme comme la révélation surprenante de ce classement. Sa discrétion apparente ne saurait occulter le fait qu’il demeure l’un des artistes britanniques les plus en vogue du 20e siècle, célébré pour ses œuvres uniques dépeignant les paysages industriels de Salford, Manchester, ainsi que d’autres villes des Midlands de l’Est.

 

L’une de ses compositions majeures, la toile “Sunday Afternoon” datant de 1957 et maintes fois exposée, notamment à la Tate Gallery, a été adjugée pour 8 millions de dollars le 20 mars lors d’une vente chez Christie’s. Ce montant, s’approchant du record actuel pour une œuvre de Lowry établi à 9,1 millions de dollars en 2011, témoigne de l’engouement sans cesse renouvelé des collectionneurs pour l’art qualifié de “naïf”. Il est d’ailleurs pertinent de souligner que le Douanier Rousseau, peintre autodidacte qui fut l’objet de l’admiration des avant-gardes du 20e siècle, a établi l’année précédente un record stupéfiant de 43,5 millions de dollars pour “Les Flamands” (1910), une toile adjugée au double de son estimation minimale, propulsant Rousseau vers un nouveau record décuplant le précédent.

 

Contrairement au Douanier Rousseau et malgré l’apparence naïve de son style pictural, Laurence Stephen Lowry n’était pas un autodidacte. Il a suivi des cours du soir en peinture et en dessin à la Salford School of Art ainsi qu’au Municipal College of Art, où il a bénéficié des enseignements de l’impressionniste français Pierre Adolphe Valette. Lowry, qui nous a quittés en 1976 à l’âge de 88 ans, a laissé derrière lui un héritage artistique considérable composé d’environ 1 000 peintures et de plus de 8 000 dessins.

 

Peu après son décès, la grande rétrospective de son œuvre présentée à la Royal Academy de Londres est devenue l’une des expositions les plus prisées du musée consacrées à un artiste du 20e siècle. Une autre rétrospective, intitulée “Lowry and the Painting of Modern Life” (Lowry et la peinture de la vie moderne), a rendu hommage à son travail en 2014 à la Tate Britain. Au cours de cette dernière exposition, une vente organisée chez Sotheby’s à Londres sous le titre “Lowry’s: The A.J. Thompson Collection” a été l’occasion de voir réapparaître sur le marché l’une de ses toiles les plus prisées, “Picadilly Circus, London” (1960), estimée à plus de 8,4 millions de dollars.

 

Top 10 des adjudicatiosn d’oeuvres aux premier trimestre 2024

 

 

René Magritte au top

Alors que Lowry se positionne à la dixième place du classement mondial pour le premier trimestre, René Magritte y tient une première remarquée. Avec des ventes dépassant les 64 millions de dollars en seulement trois mois, notamment grâce à une adjudication spectaculaire de 43 millions pour son œuvre emblématique “L’Ami intime”, Magritte surpasse largement des figures emblématiques telles que Claude Monet et Pablo Picasso en ce début d’année. Les enchères de mars ont été marquées par la dispersion de quatre tableaux et huit dessins de Magritte, et il est à souligner qu’aucun de ces lots n’est resté sans acquéreur. La demande pour cet artiste surréaliste belge de renom est à son apogée, confirmant sa position parmi les artistes les plus prisés et valorisés sur le marché actuel.

 

Le marché de Magritte connaît une période faste, couronnant une ascension fulgurante des prix de ses œuvres au cours des deux dernières décennies. Selon l’indice d’Artprice, le prix de ses peintures a en effet augmenté de plus de 600% sur environ vingt ans. Sa cote a également pris une dimension exceptionnelle il y a deux ans, suite à la vente d’une toile issue de la série “L’Empire des lumières”, pour la somme impressionnante de 79,3 millions de dollars. Cette œuvre s’était envolée pour plus de 19 millions au-dessus de son estimation initiale, témoignant de l’engouement et de la valeur croissante associés à l’art de Magritte.

Communiqué d'Artprice