Art : les 10 Natures mortes les plus cotées du monde

La Nature morte, poétiquement appelée Vie silencieuse en anglais (Still life) est l’art de représenter les choses inanimées, essentiellement des fruits, fleurs et objets. Elle se distingue en tant que genre indépendant au 17e siècle en Europe, surtout en France. A l’époque, elle tient la dernière place dans la hiérarchie des genres, les peintres de sujets vivants étant bien mieux considérés.

Un renouvellement fort s’opère entre la fin du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle, lorsque la nature morte devient un sujet de premier choix pour les peintres d’avant-garde menant des recherches plastiques sur les formes et l’espace. Le sujet devient un espace de liberté permettant d’exprimer de nouveaux modes de perception de la réalité : fragmentation des couleurs et des formes, expérimentation des couleurs, perspective basculée, etc. Les artistes multiplient alors les études sur les même sujets : pommes chez Cézanne, fleurs chez Van Gogh, instruments de musique de la période cubiste de Gris et Picasso, etc. Cette période intense de la modernité se retrouve la plus cotée du marché de la Nature Morte : Pablo Picasso tient deux places du classement auprès de ses amis Henri Matisse et Juan Gris. Paul Cézanne, le père de la modernité revient quant à lui quatre fois, dont une à égalité avec Vincent Van Gogh pour un sommet d’adjudication à 55 m$.

Van Gogh et Cézanne au sommet

Les deux artistes, Cézanne et Van Gogh se retrouvent ex-aequo pour les natures mortes les plus chers du monde et le sommet le plus récent revient à l'« artiste maudit ».

Une Nature morte, vase aux marguerites et coquelicots de Van Gogh s’est en effet vendue en novembre dernier à New York, passant les 61,7 m$ frais inclus (le 4 novembre 2014). Adjugée 5 millions au-dessus de l’estimation haute, ce chef-d’oeuvre est désormais la quatrième œuvre de Van Gogh la plus cotée aux enchères. Sotheby’s l’avait choisi pour la couverture de son catalogue et pour cause : cette explosion colorée date de 1890, époque où l’artiste se trouve au sommet de son art. C’est l’année où il achève le fameux Portrait du Docteur Gachet, œuvre emblématique qui tient sa meilleure enchère depuis 25 ans, soit un résultat de 82,5 m$ frais inclus (le 15 mai 1990 chez Christie’s New York).

Les 55 m$ emportée pour Rideau, cruchon et compotier constitue en pendant le record absolu de Cézanne, 20 millions au-delà de sa Montagne Sainte Victoire la plus cotée. Ce résultat ancien (il remonte à 1999) fut véritablement exceptionnel à l’époque, outrepassant l’estimation optimiste de 20 m$ ! Oeuvre majeure provenant de la collection Whitney, Rideau, cruchon et compotier témoigne du nouveau système de représentation mis en place par Cézanne qui ouvrit la voie au cubisme.

Dès la fin du 19e siècle, la Nature morte n’est plus un sujet de second ordre , il condense au contraire les plus grandes révolutions picturales du 20e siècle. Pour ces œuvres emblématiques, les estimations ne sont que les points de départ d’enchères enflammées grimpant de million en million. Prenons par exemple la Nature Morte Aux Tulipes de Pablo Picasso (1932), représentant une sculpture de Marie-Thérèze Walter en prime du dit bouquet : le prix de cette toile augmenta de 11 millions entre 2000 et 2012 !

L’un des détonateurs les plus récents du marché passe par la reconnaissance d’une autre modernité, celle, franco-chinoise, qui bénéficie de capitaux massifs venus d’Asie. San Yu incarne ici cet élargissement du marché. Cet artiste franco-chinois né en 1901 dans le Sichuan, installé à Montparnasse dans les années 1920, ardent défenseur de Picasso puis ami d’Henri Matisse, est un pont essentiel entre la modernité occidentale et chinoise.

De fait, ses prix ont explosé de près de 200 % sur la décennie, portés par une forte demande en Chine, où il tient un record absolu à hauteur de 33,6 m$ frais inclus pour Flower, estimée 30 fois moins cher (vente du 28 octobre 2013 chez Shandong Chunqiu International)…