Art : les plus beaux dessins anciens de l’année

03/11/2023 Par Artprice
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Des trésors inattendus surgissent du passé chaque année aux enchères, comme ce dessin de jeunesse de MICHELANGELO (1475-1564), qui avait électrisé les enchères parisiennes à 24,3m$ l’année dernière (A nude man (after Masaccio) and two figures behind). Il s’agissait du plus beau coup de marteau de l’année 2022 dans le secteur feutré et passionnant du dessin ancien.

 

Cette année, c’est de Chine que provient la vente la plus flamboyante avec 25m$ déboursés pour Calligraphy in regular script, une rareté du début du 13e siècle exécutée par ZHAO Mengfu (1254-1322) et vendue cet été par Poly International à Pékin. Il convient d’ailleurs de noter que, si l’année 2023 annonce déjà un produit des ventes mondial plus puissant que celui de l’an dernier pour les dessins anciens, c’est à la reprise du marché chinois qu’on le doit. Les maîtres chinois détiennent en effet les 19 meilleures adjudications de l’année, avant de voir émerger le nom d’un artiste occidental, celui de Francisco DE GOYA Y LUCIENTES, dont une encre brune au sujet burlesque – Un cheval couvrant une ânesse, tout en chevauchant un moine qui la monte – a fait grimper les enchères à 3,2m$ en mai dernier, chez Christie’s New York.

 

Goya, A horse covering a she-donkey, while straddling a monk riding it

 

Le résultat mondial du dessin ancien est porté par les Maîtres chinois qui dominent, par leur nombre et par leurs niveaux d’adjudication, les maîtres occidentaux.

 

Après Goya, mais surtout après 70 résultats chinois environ, la deuxième feuille ancienne la plus cotée pour un artiste occidental est de la main de Wenceslaus HOLLAR VON PRACHNA, un maître du 17ème siècle connu notamment pour avoir popularisé la technique de la gravure en couleur en Angleterre à son époque. Ses dessins sont si rares que l’un d’eux, View across the rooftops of Lambeth Palace, s’est envolé pour 819 000$, dix fois son estimation haute, au début de l’année 2023 chez Sotheby’s New York. Le nouveau record personnel du confidentiel Wenzel Hollar démontre l’appétit et la mobilisation des collectionneurs pour les raretés historiques.

 

Arrive ensuite un groupe de Punchinellos examinant une araignée de mer, dessin à la pierre noire réalisé par Giovanni Domenico TIEPOLO. Cette feuille de 34,7 x 46,8 cm atteignait 560 890$ chez Christie’s Londres au début de l’été. Une deuxième feuille de Tiepolo, représentant également un groupe de Punchinellos, dépassait le seuil de l’estimation haute lors de la même vacation pour s’établir à 448 700$.

 

Des feuilles de Peter Paul RUBENSJohan WIERIXMaarten Jacobsz VAN HEEMSKERCK se hissent à la suite de Tiepolo pour des échanges constatés à plus de 400 000$, puis arrivent les noms de Giovanni Battista FRANCOJean-Antoine WATTEAURosalba CARRIERA et de Raphaël concernant les montants supérieurs à 300 000$.

 

Giovanni Domenico TIEPOLO, A group of Punchinellos examining a spider crab

 

Raphaël, dont les plus beaux dessins sont capables de dépasser les 47 millions de dollars comme cela fut le cas à deux reprises dans le passé, n’a pas atteint l’objectif  fixé par la maison de ventes Dorotheum en octobre dernier. Que l’acquéreur du dernier dessin de Raphaël vu aux enchères soit collectionneur ou marchand, celui-ci a opéré une très belle transaction. Artmarket by Artprice vous propose un focus sur le plus beau dessin ancien vendu cet automne.

 

Le Raffaello de Dorotheum

 

Le Dorotheum de Vienne espérait réitérer la performance d’octobre 2019, lorsqu’une Madonna and Child portant la mention “cercle de Raphaël” avait affolé les enchères jusqu’à 1,7 m$, pulvérisant plus de trois fois l’estimation haute, alors que les historiens de l’art débattaient de la possibilité que cette toile fut bien de RAPHAEL (1483-1520), en collaboration avec les artistes de son atelier. 

 

La maison de ventes autrichienne comptait sans doute reproduire ce séduisant schéma avec la redécouverte d’un dessin, qui pourrait être l’un des trois seuls dessins réalisés par Raphaël parvenus jusqu’à nous (les deux autres étant conservés au Louvre et à l’Ashmolean Museum d’Oxford), estimé à un demi-million de dollars pour la vente du 25 octobre 2023, mais les enchères ne sont montées qu’à 360 000$ pour ce croquis acquis dans les années 1930 par l’érudit et collectionneur Iohan Quirijn van Regteren Altena et déjà passé à l’encan sous diverses attributions. Précédemment vendue en mars 2015 chez Christie’s comme une “Ecole Italienne du XVIe siècle” pour 2000$ à peine, l’acheteur fait de toute façon une belle affaire étant donnée la qualité du dessin.

 

Study for the Battle of the Milvian Bridge: a rider on horseback and horse’s head and eye, qui présente au verso un cheval et un cavalier, est une esquisse préparatoire pour une partie de la fresque de la Bataille du Pont Milvius dans la Salle de Constantin, au sein des “Chambres de Raphaël” au Vatican. Une scène toute en mouvements et en énergie, représentant la victoire du Christianisme sur le paganisme. L’artiste, décédé en 1520, n’a pas vu l’achèvement de sa fresque, c’est son élève Giulio ROMANO qui s’en est chargé. Ce dessin donne également à comprendre le fonctionnement de l’atelier de Raphaël, où chaque feuillet d’esquisse était réutilisé plusieurs fois, par lui ou ses élèves. Il ne faut donc surtout pas omettre de tourner le dessin du cavalier. Au verso de celui-ci se déploie une série de Studies for the Donation of Constantine (?): a Solomonic column and seated male figures, par Polidoro DA CARAVAGGIO (c.1499-1543), un élève de Raphaël actif à Rome entre 1514 et 1527.

Verso du dessin de Raphael : Études pour la Donation de Constantin (?) : une colonne salomonienne et des personnages masculins assis par Polidoro Da Caravaggio

 

Communiqué d'Artprice