Cecily Brown : une femme parmi les artistes les plus performants de l’année

15/08/2023 Par Artprice
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Portée par l’exposition qui lui est consacrée au Metropolitan Museum à New York, l’artiste britannique Cecily BROWN déchaîne les enchères cette année. Avec huit toiles millionnaires déjà vendues depuis le mois de janvier, 2023 s’annonce comme un cru mémorable pour cette artiste majeure.

 

Cecily BROWN, qui voit le jour en 1969 à Londres, quitte sa ville natale après être sortie de la Slade School of Fine Art. Londres est alors en ébullition car émergent à cette époque les Young British Artists (les “jeunes artistes britanniques”) promus par Charles Saatchi, un cercle fermé avec lequel Brown se sent peu d’affinités. Elle s’installe donc à Manhattan en 1994 et commence à exposer chez Deitch Projects dans SoHo en 1998.

 

La rhétorique expressionniste de sa peinture, qui convoque la spontanéité et la gestualité d’un grand Expressionniste américain comme Willem de Kooning, résonne auprès du public new yorkais. Bien que les critiques divergent, la fougue de cette peinture, l’énergie des figures prises dans une matière qui les domine et les distord, les tableaux explicitement érotiques, ne sauraient laisser de marbre. Brown est en train d’inaugurer, depuis New York, un renouveau de la peinture figurative, à l’image de celui opéré par sa compatriote Jenny Saville depuis Londres.

 

En 2000, la galerie Gagosian lui consacre une première exposition à SoHo, tandis que le  magazine Vanity Fair publie dans ses pages un portrait d’elle, allongée sur le sol devant l’une de ses toiles, vêtue d’un T-shirt orné d’un signe dollar. La marche vers la célébrité est en route !

 

Dès lors, son travail intègre rapidement des collections publiques et son succès est immédiat sur le marché des enchères. En novembre 2000, Les premières toiles mises en vente par Sotheby’s et Christie’s à New York doublent déjà les estimations attendues, pour des ventes conclues entre 60 000$ et 90 000$. L’année suivante, en 2001, une première toile dépasse déjà les 100 000$ aux enchères : Cecily Brown a 32 ans. La galerie Gagosian augmente aussi rapidement ses prix pour afficher six chiffres.


 

Cecily Brown a un parcours hors du commun : entrée chez Gagosian à la trentaine, elle quitte celui qui a lancé une carrière si lucrative après une alliance de 15 ans.


 

En 2007, Phillips de Pury & Company réalise une première vente à plus d’un million de dollars avec The Girl who had Everything (1998) (1,1m$). Cecily Brown se retrouve alors satellisée comme l’une des artistes contemporaines les plus indispensables de son époque et sa cote ne va plus cesser de croître. Aujourd”hui, cette même toile gigantesque The Girl who had Everything vaut près de 6m$.

 

Evolution du prix de The Girl who had Everything : +427% en 15 ans

Huile sur toile, 1998, 254,3 x 279,4 cm

November 2007 > 1,1m$ chez Phillips New York

Juin 2017 > 2,4m$ chez Sotheby’s Londres

Mars 2022  > 5,8m$ chez Christie’s Londres

 

Bien qu’elle se soit séparée de la galerie Gagosian en 2014, mettant fin à une relation de 15 ans, la réputation de l’artiste a encore grandi et sa cote a continué de prospérer. Aujourd’hui, à 53 ans, son travail fait l’objet d’une rétrospective au Metropolitan Museum of Art de New York. Un honneur rare puisque le dernier artiste britannique vivant à avoir eu droit à un tel hommage est Lucian Freud, au milieu des années 1990. La rétrospective du Met s’intitule Death and the Maid, un titre dérivé de La Jeune Fille et la Mort de Schubert. L’annonce de cette exposition majeure a naturellement agité le marché depuis le début de cette année, si bien que huit toiles de Brown ont dépassé le million de dollars aux enchères entre janvier et juillet 2023. Son prix de vente record (6,7m$) a manqué d’être battu à deux reprises, au cours d’une année qui, bien que loin d’être achevée, s’annonce déjà comme la plus fructueuse de l’artiste en termes de produits des ventes aux enchères.

 

Cecily Brown. Évolution du produit des ventes aux enchères : loin d’être terminée, l’année 2023 est déjà un exercice record (copyright Artprice.com)

 

Cecily Brown incarne la revanche des artistes femmes aux enchères en se positionnant à  la 30e position du marché du Fine Art (classement provisoire d’Artprice, juillet 2023). L’enthousiasme qu’elle suscite prouve que les femmes commencent à atteindre des niveaux de prix comparables à ceux de leurs homologues masculins. Par ailleurs, ses performances 2023 aux enchères (janvier-juillet) sont bien meilleures que celles affichées par des monstres sacrés masculins de l’art contemporain (artistes nés après 1945 selon la classification Artprice), tels que Jeff Koons et Damien Hirst. Une évolution importante pour Brown qui confiait, lors d’un entretien avec Julie L. Belcove pour Vulture en 2015 : ““Je suis en fait très frustrée pour les femmes dans le monde de l’art en ce moment. J’ai l’impression qu’il y a un gros plafond de verre. Il y a tellement de femmes artistes fantastiques, et elles ne font pas aussi bien que leurs homologues masculins dans certains domaines. C’est grossier de parler du marché, mais c’est évident. Peut-être que dans quelques décennies, ce sera vraiment égal.” La parité n’est certes pas encore là, mais la valorisation en hausse de cette grande artiste contemporaine contribue à changer les choses.

 

Positionnement de Cecily Brown dans le classement mondial des ventes aux enchères de Fine Art (copyright Artprice.com)

Communiqué d'Artprice