Trois panthères en bronze se tiennent fièrement sur leur socle en terrasse, avançant résolument vers le nouveau record aux enchères de Rembrandt BUGATTI. L’œuvre est exceptionnelle à bien des égards.
Elle est la seule de l’artiste italien à représenter trois panthères et n’a jamais été reproduite en série. D’une rareté sans égal, cette pièce unique et inédite sur le marché saisit l’élégance et la force des félins dans une sculpture imposante de près d’un mètre et demi de long. La qualité de sa patine, nuancée de bruns et réalisée par l’atelier Hébrard, ainsi que sa traçabilité depuis la collection Adrien-Aurélien Hébrard jusqu’à un collectionneur privé des années 1970, en font des atouts majeurs pour séduire les collectionneurs du monde entier.
Bonhams-Cornette de Saint Cyr la décrit comme “la sculpture la plus emblématique et unique de Rembrandt Bugatti”. Elle sera le joyau de la vente parisienne du 5 juin, avec une estimation oscillant entre 3,7 et 5,8 millions de dollars. Ainsi, cette œuvre se dirige avec assurance vers un record susceptible de surpasser les 2,77 millions de dollars obtenus il y a presque une décennie par la sculpture du Babouin sacré hamadryas lors d’une vente chez Sotheby’s à New York.
En 1905, à la Ménagerie du Jardin des Plantes, Bugatti rend visite aux panthères quotidiennement, ses compagnes de vie et de travail. Il les observe avec passion, fait leur connaissance, saisit leurs mouvements naturels et les imagine hors de leur cage. Tout juste majeur à 21 ans, il sculpte sur le vif ces trois panthères, d’un seul jet et sans croquis préliminaire. Son fondeur, Adrien Hébrard, qui tient également une galerie rue Royale, réalise ensuite l’édition originale en bronze de cette œuvre, exposée la même année au Salon d’automne du Grand Palais.
Trois panthères marchant de Rembrandt Bugatti, Bonhams-Cornette de Saint-Cyr, le 5 juin
Un nouveau chef-d’oeuvre de Chardin aux enchères
Alors que le Louvre a récemment acquis l’emblématique Panier de fraises des bois de Jean Siméon Chardin, une autre nature morte exceptionnelle, parmi les plus belles et rares, fait son apparition sur le marché.
Le Melon entamé de Jean Siméon Chardin, Christie’s Paris, le 12 juin 2024
Le Melon entamé (1760), l’une des œuvres les plus importantes de CHARDIN encore en mains privées, est estimée entre 8 et 12 millions d’euros (8,5-12,8m$) par Christie’s pour sa vente du 12 juin. Cette toile ovale d’environ 60 centimètres de hauteur présente des fruits variés, une carafe, deux bouteilles et un melon découpé dont une tranche repose en équilibre sur le fruit rond. Pour Pierre Etienne, Directeur international du département des Tableaux anciens chez Christie’s : “Le melon entamé est un pur instant de poésie picturale, un moment parfait où s’exprime toute la magie de Chardin : l’équilibre de la composition, de la lumière, des couleurs, des formes”.
L’occasion est unique : les œuvres de format ovale sont rares dans l’œuvre de Chardin, et l’histoire de cette toile est idéale. Exposé pour la première fois au Salon de 1761, Le Melon entamé était présenté à côté du Bocal d’abricots, aujourd’hui conservé à l’Art Gallery of Ontario de Toronto, et du célèbre Le panier de fraises des bois, acquis par le Louvre pour 24,3 millions d’euros (26,8m$) grâce à une mobilisation collective et au soutien de grands mécènes.
Après son exposition au Salon de 1761, Le Melon entamé a enrichi diverses collections prestigieuses. Il a d’abord appartenu à la famille Marcille, réputée pour son intérêt pour l’école française du XVIIIe siècle, comprenant Chardin, Watteau, Boucher et Fragonard. Le tableau a ensuite été acquis par le marchand Stéphane Bourgeois pour le compte de la baronne Nathaniel de Rothschild (1825-1899) et est resté dans la famille Rothschild pendant un siècle et demi.
Le tableau présente également un atout majeur pour séduire les enchérisseurs internationaux : il détient un Certificat de libre circulation de bien culturel (CBC), ce qui signifie qu’il ne peut plus être classé trésor national et est libre de quitter le territoire français.
Le Melon entamé de Jean Siméon Chardin, Christie’s Paris, le 12 juin 2024