Christie’s mène la danse à Londres

23/10/2023 Par Artprice
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Face aux incertitudes du marché, les dernières ventes de Christie’s dédiées à l’art des 20e et 21e siècles à Londres sont totalement rassurantes, et maintiennent un niveau conforme aux résultats de l’an dernier.

 

Les 117,7 millions de dollars enregistrés par Christie’s sur deux ventes du 13 octobre rassurent quant à la vitalité du marché haut de gamme, étant légèrement supérieurs à ceux obtenus lors des mêmes sessions de l’an 2022. La soirée du 13 octobre dernier fut composée d’un premier volet “20th/21st Century” qui a réalisé 54,5m$, avec des ratios de ventes établis à 89 % en valeur et à 88 % concernant le taux d’adjudications, et d’une deuxième partie réservée à la Collection de Sam Josefowitz, laquelle génère pas moins de 63,2m$, avec 82 % des lots vendus et 90 % en valeur. Plusieurs records d’adjudications ont été raflés lors de cette soirée, notamment pour Félix Vallotton, Salvo, Paul Rego, Sahara Longe, Pam Evelyn et pour Aristide Maillol en peinture. Les résultats témoignent de la diversité des centres d’intérêts des collectionneurs internationaux et de la bonne tenue des niveaux de prix à Londres.

 

Kees van Dongen domine avec l’une de ses toiles les plus célèbres, La Quiétude, cédée pour 13m$.

Le prix le plus élevé va à un tableau issu de la collection Sam Josefowitz, La Quiétude (1918) de Kees VAN DONGEN. Représentant deux personnages enlacés, l’un au corps bleu nuit et l’autre d’un puissant rouge magenta, il a suscité des enchères intenses à la mesure de son statut de chef-d’œuvre. Les personnages de La Quiétude entrent dans un dialogue avec l’œuvre de Matisse, non seulement sur le plan des couleurs aux accents fauves, mais aussi dans ce goût prononcé pour l’orientalisme qui fut cher aux deux peintres. Un autre amoureux des traditions orientalistes, le styliste Paul Poiret, admirait tant cette toile de Van Dongen qu’il en fit l’acquisition et lui donna une place d’honneur en l’accrochant juste au-dessus de son lit. Emportée pour 13m$ contre une estimation haute fournie à six millions, La Quiétude (ancienne collection Poiret) s’impose désormais comme le deuxième tableau de Van Dongen le plus valorisé par le marché des enchères, après le Jeune arabe (1910), vendu 13,8m$ en 2009 par Sotheby’s New York.

Kees van Dongen (1877-1968), La Quiétude, 1918

 

D’autres coups de marteau remarquables de la vente Christie’s concernent notamment : 

  • Proposé pour la première fois aux enchères après avoir transité par les galeries Gagosian et Daniel Templon, Future Sciences Versus the Man (1982) de Jean-Michel BASQUIAT, atteint 12,6m$. Basquiat apparaît comme le quatrième artiste les plus performant de l’année 2023 aux enchères, dans le classement mondial provisoire établi par Artprice. 
  • House of Pictures de Peter DOIG, un panorama monumental de trois mètres représentant une silhouette solitaire devant la vitrine sombre d’une galerie, part dans sa fourchette d’estimation à 7,3m$.
  • Cinq heures de Félix VALLOTTON (1898) atteint 4,45m$. Représentant un couple enlacé sur un fauteuil rouge, Cinq heures est une gouache sur carton de dimensions honorables (36 x 58,1 cm) et surtout, l’une des deux seules œuvres de la célèbre série “Intérieurs avec figures” de Vallotton restant en mains privées. L’œuvre établit un nouveau record mondial pour l’artiste aux enchères.
  • Un diptyque de Paula REGO établit le nouveau record personnel de l’artiste à 3,8m$, plus du double de son précédent sommet aux enchères. Intitulé Dancing Ostriches from Walt Disney’s ‘Fantasia (1995), ce grand travail au pastel a fait partie de la célèbre collection Saatchi.
  • Un paysage haut en couleurs de l’artiste italien SALVO a transcendé son estimation haute de 145 000$ pour finalement dépasser les 840 000$ (un nouveau record) sous les applaudissements de la salle.
  • Un portrait intimiste – Hannah’s bathroom (2018) – de Louis FRATINO a affolé les enchères pour se vendre au prix de 336 000$, soit près de quatre fois l’estimation haute. Pour avoir fait une première apparition fracassante aux enchères il y a seulement deux ans, Louis Fratino n’est pas loin de se classer parmi les 500 artistes mondiaux les plus performants de l’année : une percée fulgurante.
  • Une abstraction aux tonalités douces d’Etel ADNAN a plus que doublé son estimation haute pour flirter avec les 400 000$ : il s’agit de la troisième meilleure adjudication jamais enregistrée pour l’artiste libano-américaine disparue en 2021, mais de la première dans une si petite dimension, la toile mesurant 37,9 x 45,8 cm.

 

Portrait grandeur nature de Mademoiselle Jeanne Faraill (1888-89) d’Aristide Maillol

 

Le superbe Portrait grandeur nature de Mademoiselle Jeanne Faraill (1888-89) d’Aristide Maillol établit un nouveau record mondial aux enchères pour une toile de l’artiste plus connu en tant que sculpteur. Après une vague d’offres internationales, il a plus que doublé l’estimation basse en s’élevant à 2,9m$.

 

Sotheby’s ravale son plus beau lot

La veille des ventes de Christie’s, Sotheby’s totalisait 70,7m$ pour ses trois sessions d’art. Il lui aura manqué quelques chefs-d’œuvre pour se mettre au diapason de sa principale concurrente. Sotheby’s a par ailleurs essuyé une sévère déconvenue en devant se résoudre à laisser invendue l’œuvre la plus importante de ces sessions londoniennes, une puissante abstraction de Gerhard Richter estimée entre 19 et 29 millions de dollars. Une estimation peut-être trop gourmande compte tenu d’un prix précédemment établi à 1,1m$ le 6 février 2003, par la même maison de ventes.

Top 5 Sotheby’s, The now evening auction (18,89m$)

  • 3,6m$ pour une toile de George CONDO (1957) reprenant les Demoiselles d’Avignon de Picasso partie à son estimation haute.
  • Autant (3,6m$) pour Six Birds in the Bush Lynette YIADOM-BOAKYE (1977), vendue 1,4 millions de plus que l’estimation haute.
  • 3,1m$ pour Cecily BROWN (1969) avec Tricky, toile valorisée “seulement” 465 400$ en 2007 (Christie’s Londres)
  • 2m$ pour David, Victoria and Brooklyn (1999) d’Elizabeth PEYTON (1965).
  • 868 000$ pour une toile sans titre d’Albert OEHLEN (1954) auparavant acquise auprès de la galerie Gagosian.

 

Communiqué d'Artprice