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Il y a 150 ans, le 15 avril 1874 précisément, naissait l’Impressionnisme, fruit de la rébellion d’une bande d’artistes contre les normes du Salon officiel. Trente et un artistes, parmi lesquels Monet, Renoir, Degas, Morisot, Pissarro, Sisley et Cézanne, se sont rassemblés au 35, boulevard des Capucines, dans les anciens ateliers du photographe Nadar. Ensemble, ils ont présenté plus de 150 toiles révolutionnaires, en rupture totale avec les conventions artistiques de leur époque.
Le terme “Impressionnisme”, qui donnera le coup d’envoi aux mouvements d’avant-garde, a été inspiré par le tableau de Claude Monet, “Impression, soleil levant”, dont le critique d’art Louis Leroy, moquant cette œuvre dans le journal satirique “Charivari” daté du 25 avril 1874, écrivait : “Impression ! Impression, j’en étais sûr. Je me disais aussi puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans.”
Ce printemps 2024, à l’occasion du 150e anniversaire de cette révolution artistique, le musée d’Orsay, détenteur de la plus vaste collection au monde d’œuvres impressionnistes, prête cent soixante-dix-huit de ses chefs-d’œuvre à travers la France. Trente-quatre institutions partenaires, réparties dans treize régions, accueillent ces toiles emblématiques. Parmi les plus belles toiles de Monet, La Cathédrale de Rouen se retrouve au Havre, sa Pie à Clermont-Ferrand, son Déjeuner sur l’herbe à Besançon. La Liseuse de Renoir part à Albi, La Petite danseuse de 14 ans de Degas à La Piscine de Roubaix, La Partie de bateau de Caillebotte à Nantes tandis que La Nuit étoilée de Van Gogh revient à Arles, où elle a été peinte.
Au sein du musée d’Orsay, une exposition majeure intitulée “Paris 1874. Inventer l’impressionnisme” est également proposée au public. Cette exposition, qui se tient jusqu’au 14 juillet 2024, retrace les origines du mouvement en rassemblant une sélection d’œuvres ayant été présentées lors de la première exposition impressionniste. Ces œuvres sont mises en perspective avec des peintures et sculptures exposées lors du Salon officiel de 1874, offrant ainsi une vision complète et éclairante de cette révolution artistique.
Les impressionnistes veulent peindre le monde tel qu’il est, en plein changement. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, c’est l’industrie, les grandes villes, la globalisation, et ils estiment que la peinture doit refléter ce monde moderne”. Sylvie Patry, commissaire de l’exposition Inventer l’impressionnisme au Musée d’Orsay.
Le musée d’Orsay propose également une expérience immersive inédite grâce à la réalité virtuelle, intitulée “Un soir avec les impressionnistes. Paris 1874”. Fruit de deux années de travail, cette expérience fascinante d’une durée de près de 45 minutes plonge les visiteurs au cœur de la soirée d’inauguration de la première exposition des impressionnistes. Après une introduction dans le Paris des années 1870, les visiteurs sont transportés dans l’atelier de Nadar pour rencontrer des artistes emblématiques tels que Renoir, Monet, Degas, Pissarro, Cézanne et Morisot, et découvrir leurs œuvres lors de cette soirée historique du 15 avril 1874, entre autres moments marquants.
André Derain (1880-1954), Matisse et Terrus, huile sur toile, 40 x 54 cm
La dernière vente impressionniste de Christie’s Paris
Le mardi 9 avril, à l’occasion d’une vente dédiée au 150e anniversaire de l’impressionnisme, Christie’s a mis aux enchères 23 œuvres emblématiques de ce mouvement. Ces œuvres ont été soigneusement sélectionnées pour leur rareté, leur fraîcheur sur le marché et la qualité de leur provenance. Bien que cette vente fût de taille modeste, elle présentait des œuvres d’une grande qualité.
La pièce maîtresse était Matisse et Terrus par André DERAIN (1880-1954), un rare exemple de figures fauves datant de 1905 et jamais auparavant proposé sur le marché. Près de cent vingt ans après sa création, cette œuvre a été redécouverte récemment par les héritiers de son premier propriétaire, Étienne Terrus, auquel Derain avait probablement offert sa toile. Après avoir orné pendant soixante ans la demeure des Terrus à Elne, près de Collioure, l’œuvre avait été soigneusement conservée dans un coffre, présentant ainsi un état de conservation exceptionnel. La toile a surpassé son estimation haute en se vendant pour 3,4 millions de dollars.
Le deuxième prix le plus élevé a été obtenu par une toile de Françoise GILOT (1921-2023), Le Concert Champêtre, adjugée à 1,4 million de dollars, dépassant largement son estimation haute de 325 600$. Il s’agit d’un nouveau record mondial pour cette artiste dont l’œuvre avait longtemps été éclipsée par celle de Picasso.
Deux tableaux d’Alfred SISLEY (1839-1899), l’un des fondateurs de l’impressionnisme, figuraient parmi les lots phares de cette vente. Celui représentant Les Coteaux de La Celle, après Saint-Mammès (1884) était issu d’une prestigieuse collection suisse constituée dans les années 1960 et restée inédite jusqu’à présent. L’autre, intitulée Le Pont de Moret-sur-Loing, temps de crue (1889), a son pendant exposé au musée d’Orsay. Bien qu’ayant été adjugé dans sa fourchette d’estimation à 738 00$, ce tableau aurait pu atteindre un prix bien plus élevé compte tenu de sa qualité, de sa taille et de son état. Christie’s espérait atteindre jusqu’à un million de dollars pour cette œuvre.
Au total, cette session d’œuvres choisies en hommage aux impressionnistes a généré 13,4 millions de dollars, malgré un échec pour une toile de Le Corbusier, estimée entre 300 000 et 500 000$. Cette vente peut être qualifiée de réussite, bien qu’elle se soit déroulée sans excès.
LA VENTE “ŒUVRES CHOISIES” DE CHRISTIE’S TOTALISE :
Produit des ventes : 13,4 m$
Nombre de lots : 23
Lots vendus : 96%
Lots vendus au-dessu de l’estimation haute : 65%
NOUVEAU RECORD DU MONDE POUR UNE ŒUVRE DE FRANÇOISE GILOT
ACTUALITÉ À PARIS :
Exposition au Musée d’Orsay, “Paris 1874. Inventer l’impressionnisme”, jusqu’au 14 juillet 2024
Expérience immersive : “Un soir avec les impressionnistes. Paris 1874”, jusqu’au 11 août 2024.