Avec 2,4 millions de dollars pour l’art le plus récent chez Phillips et 104 millions pour les créations modernes et contemporaines présentées chez Christie’s, les dernières ventes de Hong Kong tiennent leurs promesses.
Le 26 novembre, Phillips lançait sa première édition asiatique “New Now” à Hong Kong, faisant dialoguer l’art contemporain avec des pièces de design des 20e et 21e siècles. Bien que le résultat de 2,4 millions de dollars ne paraisse pas éclatant, 60% des lots ont tout de même été vendus au-dessus de leurs estimations, soutenus par la participation de 33 pays et/ou régions différentes. La concurrence des enchérisseurs s’est notamment exprimée sur des œuvres de Kelly BEEMAN (1983), FAN Zhen (1984) et QIAN Wu (1991) qui signent tous leurs nouveaux records aux enchères, pour des montants compris entre 13 000 et 33 000$. Phillips rapporte également dans un communiqué de presse “un fervent enthousiasme pour les œuvres de jeunes artistes nés après 1980”, tels que XIA Yu, Mehdi GHADYANLOO et Gongkan, et un accueil favorable pour les nouveaux venus aux enchères que sont Madeleine BIALKE (1991), HANG Gao (1991) et Carlo D’ANSELMI (1991) qui ont chacun trouvé preneur entre 6 000 et 10 000$. La majorité des jeunes artistes inclus au catalogue New Now sont des peintres, plus souvent figuratifs qu’abstraits, s’inscrivant dans les tendances esthétiques en vogue. Phillips, qui entend maintenir une position forte en regard des artistes émergents, surfe sur la vague des tendances en cours.
Les ventes hongkongaise de la société se prolonge jusqu’au 7 décembre, jour de la clôture de la vente en ligne “20th Century & Contemporary Art Hong Kong” qui propose là encore des oeuvres très récentes, dont celles de Laura BERGER (1979) (Soft Bound, 2022), OH DE LAVAL (1990) (Roman Holiday, 2018), Etsu EGAMI (1994) (Face, 2021) et Aaron JOHNSON (XX-XXI) (Swarming the Blue Orb, 2020).
Kantapon METHEEKUL (1989) aka Gongkan
Freedom (2022). Acrylique sur toile,160 x 120 cm
Prix avec frais: 42 371 $. Estimation: 15 398 $ – 23 097 $
Christie’s fait mieux que l’an dernier
Christie’s avait également son lot d’art contemporain et ultra-contemporain la semaine dernière, dans la vente Post-Millennium Evening Sale du 28 novembre. Cette petite vente de 28 lots contemporains bien marketée en collaboration avec la Pop star taïwanaise Jay Chou, a réuni 15,2m$, dont le tiers repose sur une toile du peintre Adrian GHENIE (1977) : Lidless Eye (5,5m$), toile dans laquelle l’artiste s’inspire de l’emblématique Autoportrait de Vincent van Gogh. Très bien accueilli par les acheteurs asiatiques, l’artiste roumain de 46 ans doit son record personnel aux enchères, 10,3m$, à une vente opérée par Christie’s Hong Kong en 2022 pour la grande toile Pie Fight Interior 12 (2014, 284 x 350 cm).
Deux autres belles réussites sont à signaler pour des artistes occidentaux, avec le psychédélique Snail Effects de Lucy BULL (1990) (vendu 937 300$ contre une estimation haute de 487 300$); la fantastique toile Last Standing de Emma WEBSTER (1989) (vendue 290 900$ contre une estimation haute de 115 400$). Quant aux contemporains chinois, les coups d’éclats les plus remarquables vont à JI Xin (1988), dont la toile White Cat est partie au quadruple de l’estimation haute (258 600$) et pour QIU Xiaofei (1977) dont l’œuvre Zero Gravity No. 4 a presque triplé son estimation haute en atteignant 282 800$.
Trois œuvres ravalées sont à signaler dont Singer Songwriter de Dana SCHUTZ (1976) qui était attendue entre 2 et 3,3 millions de dollars. Hong Kong reste la meilleure place de marché cette année pour les œuvres de Dana Schultz, mais les performances annuelles de l’artiste accusent un fort fléchissement depuis les années 2019-2021.
Évolution du produit des ventes aux enchères de de Dana SCHUTZ en millions (copyright Artprice.com)
S’en est suivi le clou de la journée avec la session 20th/21st Century Art Evening dont la cinquantaine de lots affiche un résultat de 88,9m$, soit deux millions supplémentaires comparé à la même session de novembre 2022. Le bijou de cette vente était la Femme nue sur un tapis de SAN Yu (lire notre article : Sanyu est à l’honneur des prochaines ventes de Hong Kong), qui a dépassé les prognostics en changeant de propriétaire pour 24m$, soit cinq millions au-dessus de l’estimation haute préalablement fournie par Christie’s. L’œuvre s’inscrit désormais dans le Top 10 des adjudications de l’artiste dont le record culmine à 38,8m$ pour le même sujet, multiplié par cinq ! (Five nudes, 1950).
Notons, enfin que, si les plus belles oeuvres de Yayoi Kusama, Yoshimoto Nara, Zao Wou-Ki ont stimulées les collectionneurs, celles de George Condo, Richard Prince, Rudolf Stingel, Genieve Figgis ou Zhang Xiaogang ont reçu un accueil plus tiède, débouchant parfois sur des échecs de vente.