Les dix meilleures enchères frappées pour des artistes turcs en 2012

02/02/2013 Par La rédaction
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Après la Première Guerre mondiale, la Turquie connaît un passage sans transition de l’Empire ottoman à un État laïc et moderne. L’histoire tourmentée du pays, géographiquement et culturellement à califourchon entre l’Europe et le Moyen-Orient, continue de s’écrire même après la constitution de la République en 1923.

La Turquie moderne est le berceau d’une scène artistique florissante où les premières ruptures avec l’art académique naissent au début des années 1960 avec Altan GURMAN ou encore SARKIS.

L’année 1987 marque un premier pas vers la diffusion de l’art turc grâce à l’ouverture de la première Biennale d’Istanbul, évènement désormais incontournable sur la scène artistique mondiale. Néanmoins, c’est dans les années 1990 que l’art contemporain explose en Turquie en dehors d’Istanbul et qu’il gagne en visibilité internationale.

C’est d’ailleurs aussi en 1990 que le pays est représenté pour la première fois à la Biennale de Venise. Les années 2000 marquent le début de l’institutionnalisation avec, entre autres, la création du premier musée d’art contemporain.

Au fil des années, d’autres nouvelles structures prestigieuses gérées par des fonds privés font leur apparition.

Ce nouveau dynamisme va de paire avec la renaissance d’Istanbul où les quartiers Est se sont peu à peu transformés en haut lieu de la branchitude et ont vu fleurir nombre d’espaces d’expositions et de galeries d’art. Ces dix dernières années, grâce au soutien de collectionneurs influents, au développement de structures commerciales (galeries, salles de ventes) et à l’implication d’une des principale place de marché qu’est Londres, le marché des artistes turcs connaît une croissance considérable.

Si cette partie du monde longtemps négligée est dorénavant suivie de près par les professionnels et amateurs d’art, quels artistes turcs signent aujourd’hui les plus belles enchères ? Retour sur le Top 10 de l’année écoulée.

Rang Artiste Adjudication Œuvre Vente

1

Taner CEYLAN

161370$

Ten Kafesi (Cage of Flesh) (2012)

26/04/2012 (Sotheby’s LONDON)

2

Taner CEYLAN

138300$

Je t’aime Peggy (2009)

17/10/2012 (Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik ISTANBUL)

3

Taner CEYLAN

136100$

Nirvana

29/05/2012 (Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik ISTANBUL)

4

Taner CEYLAN

111359$

Alp

17/03/2012 (Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik ISTANBUL)

5

Canan TOLON

104890$

"Glitch III (From the Glitch Series)" (2007)

26/04/2012 (Sotheby’s LONDON)

6

Canan TOLON

100224$

Untitled

17/03/2012 (Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik ISTANBUL)

7

Taner CEYLAN

95455$

Old World (2007)

18/12/2012 (Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik ISTANBUL)

8

Canan TOLON

88512$

Glitch IV (2008)

17/10/2012 (Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik ISTANBUL)

9

Canan TOLON

87104$

One Day This Will All Be Yours My Son (1999)

29/05/2012 (Beyaz Pazarlama ve Muzayedecilik ISTANBUL)

10

Ramazan BAYRAKOGLU

83912$

Motorsiklet (Motorcycle) (2012)

26/04/2012 (Sotheby’s LONDON)

Deux artistes, de deux générations différentes, se partagent le classement : Canan TOLON née dans les années 1950 et Taner CEYLAN né en 1967 .

Face à ce duo dominant, seul Ramazan BAYRAKOGLU parvient à gagner la dernière position grâce aux 87 000 $ de Motorsiklet , une œuvre brodée sur toile produit de ses réflexions sur la peinture et la tradition. Du côté des places de marché, le Top affiche la présence écrasante d’Istanbul avec la maison de vente Beyaz qui signe à elle seule sept résultats du classement. Pas de surprise pour cette maison créée en 2006 actuellement leader en Turquie pour l’art moderne et contemporain. Arrive derrière Londres, avec Sotheby’s, à l’origine de vacations spécialisées en art contemporain turc organisées chaque année au mois d’avril. La grande absente, Dubaï, pourtant traditionnellement une place forte pour le marché de l’art turc, a été détrônée par Londres et la montée en puissance des sociétés de ventes locales.

Grand gagnant de ce classement, l’artiste turc né en Allemagne Taner Ceylan fait une entrée fracassante en salles dès 2009 où l’œuvre Spiritual s’envole déjà à plus de 82 000 $ (Sotheby’s Londres, le 4 mars 2009). Diplômé d’arts plastiques à l’université Mimar Sinan en 1991, Taner Ceylan a rapidement su se faire une place sur la scène artistique turque. Parallèlement à sa carrière d’artiste, il devient, entre 2001 et 2006, rédacteur en chef du Time Out stambouliote. Nombre de ses peintures hyperréalistes exposent une sexualité explicite, dont les influences s’étendent d’un Robert Mapplethorpe à un Jeff Koons. Ses records de ventes ne se sont pas arrêtés depuis le coup d’éclat de 2009. Bien au contraire, ils se sont même relayés jusqu’en 2011 ! Après les 154 000 $ signés en 2010 pour 1881 (From the Most Painting Series) - Sotheby’s Londres, le 15 avril -, 2011 est finalement devenue l’année de sa plus belle vente avec les 310 000 $ de 1879 (From the Lost Painting Series). Si les ventes de 2012 n’ont pas rafraîchie ce record, le nombre de lots passés à l’encan a doublé en une année, affichant des prix au marteaux compris entre 55 000 $ et 161 000 $ ! Une côte on ne peut plus dynamique.

Canan Tolon détient un beau palmarès avec quatre résultats présents au classement. Née à Istanbul, elle grandit en France puis suit des études à Édimbourg, Francfort, Londres avant de rejoindre la Californie dans les années 1980 où elle vit et travaille depuis. Après une première exposition solo en 1984 à Berkeley, Canan Tolon a participé à de nombreuses expositions entre les États-Unis et l’Europe. Ce sont ses peintures sur toiles ou panneau, compositions abstraites inspirées de paysages urbains qui ont forgé sa renommée. Sa carrière en salles débute bien plus tard, en 2007, Beyaz propose alors un premier diptyque Composition abstraite qui part à près de 2 400 $. Deux ans plus tard, le marteau frappe à près de 17 000 $ dans la même maison pour une toile de 190 x 75 cm (le 30 mai 2009). A peine six mois s’écoulent qu’une seconde salle stambouliote, Antik As, signe un nouveau record grâce au 31 000 $ de Composition (Istanbul, le 15 novembre 2009). Les surenchères s’enchaînent jusqu’à dépasser, en 2012, le seuil des 100 000 $ à deux reprises !

Avec un ticket d’entrée à près de 88 000 $, les moins de 45 ans sont encore hors concours du palmarès des plus belles enchères pour un artiste turc. Rappelons qu’un Jacob Kassay (américain né en 1984), par exemple, signe depuis 2011 des résultats dépassant les de 200 000 $. Ce segment de marché prometteur, en pleine croissance reste encore majoritairement abordable.

Communiqué d’Artprice du 1er février 2013