Christie’s annonce une légendaire œuvre d’Yves Klein en point d’orgue de ses ventes new-yorkaises de mai.
A l’heure ou les médias relayaient l’arrivée de ce Graal pour lequel un nouveau record mondial est attendu, un monochrome doré de l’artiste atteignait 1,8 m€ (soit 2,4 m$), un record pour une œuvre d’Yves KLEIN vendue en France !
Cette dernière toile provenait de la collection de l’industriel Philippe Dotremont, dont une partie était dispersée le 4 avril 2012, par la société de ventes Millon & Associés (Paris). Cette enchère, la première millionnaire enregistrée en France (en euros) pour le Maître du Bleu, est une bonne nouvelle pour la place de marché française et, espérons le, pour la cote des meilleurs artistes français. Car habituellement, l’or, matière de l’immatériel dans les œuvres de Klein, est généralement bien mieux coté à l’étranger ! Rappelons qu’en mai 2008, un grand Monogold (MG9, une réalisation à la feuille d’or sur panneau) atteignait 21 m$ à New York, contre une estimation de 6 à 8 m$ (146 x 114 cm, Sotheby’s). Yves Klein signe majoritairement ses enchères millionnaires à New York (16 adjudications millionnaires) et plus encore à Londres (32 adjudications millionnaires).
L’œuvre tant attendue le 8 mai 2012 est un chef-d’œuvre pouvant atteindre un prix record pour un artiste européen d’après-guerre. Sa présentation mobilise pas moins de 14 pages du catalogue de la vente d’art contemporain de Christie’s, pour cette prestigieuse soirée de mai. Son estimation de 30 m$ à 40 m$ s’appuie sur plusieurs arguments forts : un argument romantique tout d’abord, puisque ce chef-d’œuvre fut réalisé quelques semaines avant le décès prématuré de l’artiste en 1962 ; une provenance irréprochable, puisque FC1 (c’est son titre, signifiant pour Feu-Couleur 1) provient directement de la collection de l’artiste ; mais surtout des qualités intrinsèques dignes de voir se pâmer les plus grands conservateurs d’institutions contemporaines. Car cette fresque de 3 mètres condense tous les grands principes de l’art d’Yves Klein : l’anthropométrie (empreinte de corps de femme), les couleurs fétiches Bleu IKB et rose, mais aussi l’or, par la peinture de feu venue dorer la surface.
Ces qualités sont autant de promesses pour enterrer le précédent record de mai 2008, signé à New York avec MG9.
Le plus coté des Nouveaux Réalistes (mouvement français que certains mettent en parallèle avec le Pop art anglais et américain) est le seul artiste français de l’époque si bien vendu hors de ses frontières (attention tout de même à la cote de Martial RAYSSE qui prend une autre envergure depuis 2008). Il tient désormais la comparaison avec l’un des artistes américains les plus emblématiques de cette génération : Roy LICHTENSTEIN.
Les deux artistes ont d’ailleurs atteint leur premier million la même année en salles de ventes, soit en 1989, à Londres pour Yves Klein (Sotheby’s, Ikb 86, 30/11/1989) et à New York pour Lichtenstein (Christie’s, Torpedo… Los !, 7/11/1989). Il ne fallut que quelques mois à l’Américain pour passer ensuite le pallier des 5 m$ contre 11 ans pour le Français !
En 2012, la cote des 2 artistes se retrouve… et ce à un tout autre niveau de prix. Yves Klein pourra-t-il pour autant battre le record de Roy Lichtenstein, signé en novembre 2011 ? Ce dernier culmine tout de même à 38,5 m$ avec I Can See the Whole Room!… and There’s Nobody in it!, œuvre de 1961 adjugée par Christie’s (8 novembre 2011).
Le duel s’annonce d’autant plus serré que le 9 mai, l’œuvre phare de la vente d’art contemporain de Sotheby’s est une Sleeping girl de Lichtenstein, annoncée entre 30 et 40 m$.