Il devient urgent de pouvoir naviguer avec plus d’aisance sur les plateformes NFT, qui rassemblent déjà un très grand nombre de choses diverses et variées. Pour y voir plus clair, OpenSea propose dix entrées : New, Art, Collectibles, Domain names, Music, Photography, Sports, Trading cards, Utility et Virtual Worlds. Toutefois, cette organisation est encore pleine d’entrecroisements et de zones d’ombre. Les marketplaces ont besoin de gagner en clarté, en stabilité et en transparence, afin de séduire de nouveaux collectionneurs.
« La technologie disruptive NFT échappe à la segmentation habituelle du Marché de l’Art, organisée par période, par médium, par mouvement, etc. Extrêmement inventif, le marché des NFT s’engouffre dans de nombreuses voies qui se mélangent mais Artprice réfléchit à la façon d’informer les acteurs de ce marché, à la fois sur ce qui s’échange et ce qui crée de la valeur : une façon claire et objective de présenter l’information relative aux NFT (origine, édition, offre, demande, utilisation, etc.), nécessaire pour rassurer le marché ». Thierry Ehrmann, Président et Fondateur d’Artmarket.com et de son département Artprice
Le meilleur et le moins bon
Pour sa vente Natively Digital: A Curated NFT Sale, clôturée le 10 juin 2021, Sotheby’s a rassemblé des choses aussi diverses que des créations du collectif ART BLOCKS, une réinterprétation d’un tableau de la série des Meules de Claude Monet par l’artiste digital Matthew KANE, ou encore une œuvre conceptuelle de Rhea MYERS, intitulée à juste titre Secret Artwork (Content), à propos de laquelle l’artiste a dit « il n’y a rien de plus rare que quelque chose qui n’existe pas réellement ».
Les NFT forment aujourd’hui un terrain d’expérimentation qui s’ouvre à toutes les formes d’hybridation, comme part exemple celle de l’art et du gaming, du design et du sport et plus encore. Même si les distinctions semblent devenues obsolètes, Sotheby’s a tout de même choisi de vendre séparément le CryptoPunk 7523, adjugé 11 754 000 $, prouvant que certains NFT méritent tout de même un traitement spécifique. Une telle séparation, basée uniquement sur la demande, gagnerait de toute évidence à accentuer l’homogénéité des sessions.
Cela n’implique pas nécessairement d’exclure les CryptoPunks des ventes d’art digital, au seul titre qu’ils sont des photos de profils (PFP) plutôt que des œuvres à proprement parler. Mais il faut reconnaître que les CryptoPunks, générés par combinaisons aléatoires, entrent mieux dans la catégorie des Collectibles (objets de collection), aussi peu séduisant ce nom soit-il.
Confusion, paradoxes et limites
La confusion entre les catégories « Collectibles » et « Art » repose en partie sur le prix, car une photo de profil achetée pour plusieurs millions de dollars peut aussi être une œuvre d’art. De même, quand en mars 2021, Sina Estavi a acquis pour 2,9 million de dollars le premier tweet de Jake Dorsay, il a comparé ce bout de code à l’œuvre la plus célèbre du monde… La Joconde de Léonard de Vinci.
Le marché des NFT est ainsi encore plein de confusions et de paradoxes. Lui qui prône la décentralisation et la transparence est sujet à de nombreuses anomalies, dont les journalistes du Financial Times Hannah Murphy et Joshua Oliver dressent une liste effrayante dans « How NFTs became a $40bn market in 2021 » :
Vers plus de transparence
Il n’y a pour l’instant pas encore assez de résultats clairs et transparents pour couper court à de tels soupçons. En 2021, les banques de données Artprice by Artmarket recensent un peu moins de 300 lots NFT vendus aux enchères publiques pour 228 m$, soit seulement 1,5 % du Marché de l’Art mondial. Parmi les 100 plus belles adjudications de l’année 2021 aux enchères publiques, Artprice dénombre 65 œuvres d’art digitales, 32 collectibles, 2 zones digitales, 1 séquence de film.
Mais ce n’est que la partie émergente de ce marché qui croît à une vitesse exponentielle. Au plus vite les places de marché NFTs permettront de s’orienter efficacement et fourniront des informations objectives et utiles, au mieux elles rassureront les collectionneurs et les professionnels de l’art, ouvrant ainsi le monde des NFTs à de nouveaux acteurs.
Tout compte fait, les NFTs ont réussi en quelques mois une véritable révolution sur le Marché de l’Art, en l’abreuvant de nouvelles œuvres et en le dotant d’un nouveau canal de vente, réussissant d’abord à séduire de jeunes collectionneurs, adeptes des technologies et des cryptomonnaies, puis les collectionneurs traditionnels. Aujourd’hui, tout le monde veut tenter l’expérience NFT. Comme toute révolution, celle-ci est marquée par des secousses et beaucoup de volatilité, qui se résorberont avec le temps. Il est effectivement fort logique, pour un nouvel espace vierge, d’assister à une forme de « ruée vers l’Or », avec son ingéniosité et ses excès.
Sotheby’s a bien compris que le Marché de l’Art entre dans une nouvelle phase de très forte croissance avec les NFTs et le Métavers. C’est pour cette raison que Goldman Sachs et Morgan Stanley préparent le retour en Bourse de Sotheby’s, à travers une IPO. Sotheby’s a déjà franchi le cap, avec l’ouverture de Sotheby’s Metaverse : metaverse.sothebys.com
Par ailleurs – et c’est réellement une preuve incontestable de ce changement de paradigme – Sotheby’s vient d’annoncer utiliser les crypto-monnaies Bitcoin (BTC), Ethereum (ETH) et USD Coin (USADC) avec Coinbase Commerce pour les enchères sur le diamant noir de 555 carats.