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Contrôle et contentieux

Abus de droit fiscal : Un PACS conclu à l'hôpital un mois avant le décès n'est pas forcément fictif

Nouvel avis du Comité de l'abus de droit fiscal qui analyse la notion de PACS "fictif" dans des circonstances particulières. Le Comité y contredit la position de l'administration fiscale, qui suspectait un montage visant uniquement à éluder les droits de succession, et rappelle que la preuve du caractère fictif d'un tel acte incombe à l'administration. 

 

Rappel du montage mis en place

Mme D, hospitalisée depuis le 5 décembre 2018, conclut le 12 décembre un PACS avec Mme E devant notaire, tout en rédigeant simultanément un testament authentique l'instituant légataire universelle. Cette double formalisation intervient alors que Mme D ne quittera plus jamais l'hôpital, décédant un mois plus tard le 12 janvier 2019. Le dispositif permet à Mme E de recueillir l'intégralité du patrimoine en bénéficiant de l'exonération totale des droits de succession prévue à l'article 796-0 bis du CGI pour les partenaires pacsés. La relation entre les deux femmes présentait par ailleurs la particularité d'un lien contractuel puisque Mme E était salariée de

 

Les reproches de l'administration fiscale

L'administration a considéré le PACS comme fictif, avançant que son unique but était d'éviter l'imposition. Ses arguments étaient les suivants :

  • l'absence des éléments matériels caractérisant normalement une union :

    • aucune résidence commune,

    • aucune cohabitation effective avant ou après la conclusion du contrat

  •  Le déséquilibre de la relation du fait du lien de subordination résultant du contrat de travail, Mme E étant employée comme auxiliaire de vie à domicile

  • L'absence de contribution aux dépenses communes et l'impossibilité objective d'envisager une vie de couple future compte tenu de l'état de santé de Mme D hospitalisée 16 fois en 2018

 

En conséquence, elle a engagé la procédure de l'abus de droit fiscal, écarté le PACS et réclamé à l'héritier de Mme E (décédée entre-temps) plus de 2,3 M€, correspondant aux droits de succession au taux de 60% entre non-parents.

 

La position du Comité de l'abus de droit fiscal

Le Comité a infirmé la position de l'administration, estimant que le caractère fictif du PACS n'était pas prouvé.

  • Ancienneté des liens : Le Comité a souligné la relation personnelle ancienne entre les deux femmes, prouvée par un mandat de protection future datant de 2011 et par le financement par Mme D de la maison de Mme E en 2014 témoignant d'un engagement durable

  • Empêchement grave à la vie commune : Le comité invoque surtout l'article 515-3 du Code civil prévoyant les cas d'empêchement grave à la fixation d'une résidence commune, considérant que l'hospitalisation constitue précisément un tel empêchement.

  • Il opère également une distinction juridique concernant la nature du contrat de travail, relevant que Mme E assumait des tâches administratives et ménagères plutôt que les fonctions d'auxiliaire de vie proprement dites
  • Insuffisance des apparences : le comité estime que la proximité temporelle entre le PACS et le décès ne suffit pas à prouver la fictivité d'un contrat authentique conclu devant notaire, donnant raison aux contribuables

Le Comité a donc conclu que l'administration n'était pas fondée à mettre en œuvre la procédure d'abus de droit. L'administration a accepté de suivre l'avis du Comité.

Publié le mardi 1 juillet 2025 par La rédaction

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